L’espace…

Frontière de l’infini…

Vers laquelle voyage notre vaisseau spatial.

Notre mission depuis plus de 20 ans : observer de nouveaux mondes étranges, interroger l’existence de nouvelles vies, révéler l’invisible, et au mépris du danger, faire découvrir l’inconnu.

Bon, du calme, du calme ! Ne nous emballons pas ! Nous ne sommes pas dans un nouvel épisode de Star Trek, mais à bord du Dôme d’Exploration de l’Univers. Ce dispositif de médiation, unique en France, est opéré par Instant Science depuis son inauguration en 2002.

Son but est de proposer une immersion dans le monde de l’astronomie, alliant émerveillement et connaissances, fascination et compréhension ; d’accompagner le public dans la découverte de la beauté du ciel étoilé, et rendre ainsi les merveilles de l’Univers accessibles au plus grand nombre, sans fiction cette fois.

Cet article se propose de revenir sur son utilisation dans le cadre de nos actions de médiation sur le thème de l’astronomie, et de révéler la recette que nous utilisons.

D’ailleurs, avez-vous remarqué qu’il n’y a qu’une lettre de différence entre astronomie et gastronomie ? Et si concevoir une belle expérience de culture scientifique, c’était comme appliquer une bonne recette de cuisine ?

Un bel ustensile : le Dôme, un dispositif unique

Le Dôme d’exploration de l’Univers consiste essentiellement en une salle de spectacle de 60 places, telle une salle de cinéma, installée sous un gros de dôme métallique d’une quinzaine de mètres de diamètre. Alors, dit comme ça, c’est moins sexy que le dôme de la basilique St-Pierre-de-Rome peint par Michel-Ange…

Mais celui dont on parle aujourd’hui, a une vraie particularité. Laquelle ? Le dôme peut se rétracter, et coulisser sur le bâtiment pour dégager entièrement la salle en dessous et laisser les spectateurs assis dans leurs fauteuils, tout en étant à ciel ouvert. Le public fait alors face au plus grand écran du monde : le ciel étoilé.

Situé quelques kilomètres à l’extérieur de la ville de Fleurance, dans le Gers, le Dôme prend place au cœur du Hameau des Étoiles. Il a été voulu par la Communauté de Commune de la Lomagne Gersoise pour prolonger la dynamique amorcée dès 1991 par le Festival d’Astronomie de Fleurance et le projet de la Ferme des Étoiles. Le Hameau des Étoiles avait été pensé comme un village-vacances construit autour du thème de l’astronomie, avec comme élément principal, le Dôme d’Exploration de l’Univers.

Connaitre son public : qui sont les convives à régaler ?

De par son implantation au sein d’un village-vacances, le Dôme reçoit surtout un public touristique : groupes constitués (retraités, associations de randonneurs…), grand public, familles, en vacances ou en séjour de découverte culturelle ou gastronomique.

Les publics rencontrés dans ce contexte ne sont donc pas majoritairement récurrents sur une saison, ni même des passionnés de la thématique. Ils ne demandent pas forcément un programme renouvelé en permanence ou sur des sujets d’actualité.

Pour la plupart néophytes, ils sont plus volontiers à la recherche d’une expérience nouvelle et culturelle, leur permettant une évasion supplémentaire offerte par les conditions particulières qu’ils rencontrent à proximité de leur lieu de séjour.

En effet, de par son emplacement en pleine campagne gersoise, le Dôme bénéficie d’un ciel de qualité (Gers qualität comme on dit). À l’inverse de celui accessible dans les zones urbaines et périurbaine, où la concentration d’habitants et d’activités va de paire avec une pollution lumineuse conséquente. Il offre donc des conditions idéales pour l’observation du ciel nocturne.

Ainsi, les soirées de découverte au Dôme ont été pensées comme une parenthèse à la fois contemplative et instructive, pouvant s’inscrire comme une étape singulière pendant un séjour de découverte du Gers. Des vacances intelligentes, avec comme ambition de proposer un loisir original et enrichissant.

Dome d'exploration de l'Univers pour un moment d'observation et d'astronomie

Proposer une expérience : un menu riche et varié

Une soirée astronomique, un concept vaste et vague. Il faut choisir un axe, raconter une histoire. Ce ne sont pas les possibilités qui manquent (art, culture & mythologie, science, contemplation, histoire des sciences, de l’homme, de l’Univers et des étoiles).

L’angle que nous avons choisi est celui, assez large, du lien que nous entretenons avec le ciel étoilé, et la place que nous y occupons ; et indirectement de questionner notre relation à notre planète et d’aborder ainsi les questions des enjeux environnementaux.

Planter le décor (une entrée pour mettre en appétit)

Typiquement, la « soirée Dôme », comme on l’appelle, s’articule en plusieurs chapitres.

Dans une première partie, nous nous attelons à planter le décor : que voit-on dans le ciel ? Essentiellement des étoiles. Sont-elles proches, sont-elles loin ? Elles sont dans l’espace, l’Univers. Mais qu’est-ce que l’Univers ? Quelle différence entre tous ces termes : espace, Univers, cosmos, galaxie, Système solaire… ?

Alors nous proposons un voyage : quitter la Terre et son atmosphère et s’en éloigner pour arpenter le cosmos.

Et pour cela nous utilisons le logiciel Mitaka, projeté sur l’écran de la salle. Si tout le monde est plus ou moins familier des logiciels et applications comme Google Earth, Google Maps ou même Géoportail, qui nous permettent de prendre une image de la Terre et de zoomer dessus pour voir notre pays, notre région, notre ville, notre quartier, notre rue, notre maison, notre véhicule garé devant (et bientôt peut-être une puce sur le dos de notre chien ?), Mitaka propose tout l’inverse.

Ce logiciel permet de dézoomer de notre belle planète pour visualiser quelle est sa place dans notre Système solaire. Mais aussi, la place de notre Système solaire dans notre Galaxie et la place de notre Galaxie dans l’Univers (on n’est pas encore équipé pour le multivers ceci dit…)

Et comme on est sympa, après la balade, on vous ramène sur Terre !

Ouverture du Dôme (avant de servir le plat : on enlève la cloche)

À ce stade de la soirée, le dôme va pouvoir révéler aux spectateurs sa véritable particularité (vous vous souvenez, on en parlait plus haut) : s’ouvrir sur le ciel… littéralement.

En replongeant la salle dans le noir, l’ouverture du dôme se lance : démarrage de la musique accompagnée d’effets lumineux, et l’imposant dôme de 10 tonnes commence lentement à coulisser sur le bâtiment. Petit à petit, pendant plusieurs minutes, il se dégage et laisse apparaitre la voûte céleste au-dessus des spectateurs.

C’est cette possibilité d’ouverture, spectaculaire, qui fait la singularité du Dôme et qui rend l’expérience unique et mémorable.

Le Dôme vu de l'intérieur pour des soirées d'observation astronomie

Visite guidée du ciel (le plat de résistance)

Une fois le Dôme ouvert, la salle fait face au plus grand écran du monde : le ciel (étoilé si vous avez de la chance avec la météo, nuageux si votre karma n’est pas au top. Mais partons du principe que vous avez de la chance).

Dans les conditions d’observation idéales (nuit bien installée, ciel dégagé et absence de pollution lumineuse), l’œil humain est capable d’observer quelques milliers d’étoiles. De quoi être quelque peu désarçonné quand on n’a l’habitude de n’en voir que quelques dizaines de chez soi. C’est donc une visite guidée du ciel nocturne qui peut alors commencer.

En offrant une comparaison du ciel au-dessus du public, avec un ciel numérique projeté sur l’écran de la salle, nous proposons une lecture du ciel.

  • Que voit-on ce soir dans le ciel ?
  • Comment se repérer et s’orienter face à autant de petits points lumineux ?
  • Quelles constellations familières peut-on retrouver ?
  • A quoi ressemble vraiment telle ou telle constellation (et pourquoi il est généralement vain de chercher à les faire correspondre à leurs représentations mythologiques) ?

Se situer dans le ciel étoilé n’est pas une chose aisée, pas plus que de lire une partition de musique. Les deux s’apprennent par la pratique.

Ainsi, il ne s’agit pas seulement de présenter le ciel et ce qu’on peut y voir, mais aussi de donner quelques trucs et astuces pour s’y repérer, plus tard. Car le ciel est un bien commun de l’Humanité, et chacun peut se l’approprier par son observation, à son niveau, aussi modeste soit-il. Alors donner les clés de sa lecture, permettre de savoir détecter une forme caractéristique, quelques étoiles brillantes, savoir cheminer de l’une à l’autre, c’est déjà un début d’appropriation.

Faire un pas plus loin et révéler l’invisible (un dessert pour se rassasier)

Mais au-delà de ce qui est visible à l’œil nu, le ciel regorge de trésors astronomiques, il foisonne de milliers d’objets à observer. Ceux qu’on voit traditionnellement sur les posters et dans les beaux livres d’astronomie : nébuleuses aux volutes de gaz colorés, galaxies spiralées et amas d’étoiles étincelantes. Ces objets dits « du ciel profond » ne sont pas réservés aux grands observatoires ou accessibles qu’aux seuls astronomes professionnels. On peut aussi les observer avec du matériel amateur.

Et c’est le parti que nous avons pris depuis le début des soirées Dôme : présenter en direct ces objets en apparence inaccessibles, à l’aide d’un télescope équipé d’un appareil photo et dont l’image est retransmise sur l’écran de la salle.

Certes, pas le temps ici de faire la photo du mois qui rivaliserait avec celles des livres. Mais au moins, celui d’exposer une image brute pour prouver que l’astre visé existe bel et bien, et que même si le faisceau lumineux est extrêmement faible, il n’en est pas moins réel. Il faut juste savoir l’amplifier (avec un télescope).

Observation du ciel (la saveur en plus pour sublimer l’expérience sensorielle)

Et comment ne pas conclure une soirée de découverte de l’astronomie par une observation, bien concrète, à l’oculaire d’un instrument ?

En matière d’astronomie, les livres spécialisés et Internet, sont des sources intarissables de belles images. Mais où est l’émotion en les regardant ? A l’heure où l’Image (avec un grand I) est abondamment retouchée, traitée, augmentée, améliorée ou filtrée, quand elle n’est pas tout simplement inventée et générée par des Intelligences Artificielles, se rapprocher de la source concrète de l’image, permet de se rapprocher de la réalité des choses.

N’utiliser comme outil que le seul télescope, et se dire que le rayon lumineux reçu sur notre rétine provient directement de l’astre observé, situé là-bas, très loin dans l’espace, à des distances tout bonnement prodigieuses. Se dire que ce rayon a voyagé pendant des années, voire des siècles ou des millénaires. Se dire que l’on l’observe pour de vrai, sans artifice, et parfois pour la première fois de sa vie…

L’astronomie est une science complexe, ancienne, et a comme particularité d’être assez peu palpable : on ne peut pas (ou difficilement) lui appliquer la même méthode expérimentale qu’en laboratoire, comme on le ferait avec un sujet chimique. Donc remettre l’observation pure et sensorielle, au centre de toutes ces explications théoriques, c’est ça qui fait le côté concret de l’astronomie. Et c’est souvent le moment qui génère le plus d’émotion pour les observateurs…

L’observation devient cette pause où foisonnent tant de réflexions, de pensées et d’émotions, ce moment de contemplation, un peu suspendu dans le tumulte de nos vies modernes qui vont à mille à l’heure.

Au final, observer ainsi les étoiles de manière très concrète, crée d’une manière ou d’une autre un lien avec ce ciel. Et ce lien, c’est justement l’expérience que nous souhaitons proposer.

Impacts, questions, retours : le médiateur sur le grill face au public

Évidemment cette recette décrit la formule idéale. Une des forces de nos soirées Dôme réside dans l’adaptation permanente de l’animation : adaptation à la météo bien évidemment (le temps est-il nuageux ? Pluvieux ? Peut-on faire les acquisitions photos en direct ? Peut-on tout simplement ouvrir le dôme ?), adaptation à la configuration du ciel (où sont les étoiles et les constellations ce soir ? Que peuvent voir les spectateurs depuis leurs sièges ? Étoiles, avions, satellites, étoiles filantes ?).

Cette nécessaire adaptation nécessite la disponibilité constante du médiateur. La présentation ne s’appuie donc pas sur une bande son déjà enregistrée. Le médiateur tient son discours tout au long de la soirée, aux côtés du public, prêt à répondre aux questions en direct, et modulant ses propos en conséquence.

De par son concept original (l’ouverture de la salle sur le ciel étoilé en milieu de séance), on peut difficilement multiplier et enchainer les séances sur une journée ou une soirée. Dès lors, le format est un peu moins contraint au niveau de la durée, et permet une certaine souplesse, sans pour autant sortir du cadre établi.

Nous avons donc une possibilité très appréciée du public : celle de prendre son temps. Car souvent les spectateurs ont plein de questions, qu’ils n’osent pas forcément poser durant le cours de la soirée, et viennent plutôt les poser en fin d’animation. Et c’est vrai qu’on peut alors avoir des échanges très intéressants, sans avoir la pression de la séance suivante.

Ces soirées sont donc aussi d’une certaine manière un temps d’échange et de convivialité, s’inscrivant dans la tendance du slow-tourisme.

Cette souplesse dans le déroulement est par ailleurs salutaire, car dans ses interactions avec le public, le médiateur peut être confronté à des réactions parfois inattendues.

Face à tous les concepts scientifiques survolés, certaines personnes peuvent expérimenter des sentiments en décalage avec ceux qu’on voudrait leur partager.

On a pu croiser des spectateurs éprouvant une forme d’angoisse, d’inquiétude face à l’immensité de l’Univers, et notre petitesse dans ce vaste cosmos. Ou encore par rapport à la finitude de nos existences mais aussi de celles des astres. Notre soleil, notre planète, les étoiles en général ne sont pas éternelles, et sont vouées à disparaitre tôt ou tard.

D’autres auront un sentiment de vertige par rapport aux quantités présentés (littéralement astronomiques !). Que ce soit le nombre d’étoiles ou de galaxies, les distances à considérer ou la durée des processus physiques abordés.

Le rôle du médiateur est évidemment de faire œuvre de pédagogie, de démystifier la science, et ici en particulier l’astronomie et l’astrophysique. D’apporter des simplifications sans pour autant trahir ou perdre l’essence des choses, voire de tordre le coup à certaines idées reçues.

Mais son rôle est aussi de dédramatiser tout ça, en faisant preuve, parfois, d’un peu de psychologie.

Ces cas ont beau être minoritaires, il ne faut pas les occulter, il faut avoir conscience que de telles réactions existent, même si elles ne sont pas systématiquement verbalisées. Et lorsqu’elles le sont, chaque échange est unique, les questions et les émotions étant propres à chaque spectateur.

Le Dôme de nuit pour une observation magique des étoiles et des astres

Le Hameau des étoiles avec son dôme d'exploration de l'Univers

Une soirée 2000 étoiles au guide astronomique ?

L’impression générale qui se dégage de ces soirées, est que le public repart généralement satisfait de sa veillée (modulo les conditions météorologiques). Avec le sentiment d’avoir appris de nouvelles choses et bénéficié de l’expertise d’un médiateur spécialisé. Mais aussi, d’avoir pris du plaisir à observer, ou mis une expérience et des images sur des concepts qui pouvaient paraitre trop vagues et théoriques à l’origine.

On leur propose différents niveaux de lecture et d’explications. Chacun repart avec ce qui lui était accessible.

C’est une soirée Dôme, et la recette qui va avec (et tout ça c’est déjà pas mal me direz-vous). Mais en cuisine comme en médiation, le plus important avec une recette c’est ce qu’on en fait !

Alors, envie de passer aux fourneaux ?