Vers un MédiaLab culturel : nos premiers essais
Depuis plusieurs semaines, Morgane expérimente la création vidéo pour la mise en place de notre projet de « MédiaLab culturel ». Un Média… quoi ? Cela consiste à mettre en place un studio expérimental (notamment dans notre camion Le Populseur) permettant de tester de nouveaux médias pour le partage de savoirs. Nous en sommes à la phase de tests de formats… pour bientôt le déployer en impliquant les publics, en leur permettant de créer et de partager leurs propres savoirs. Et les débuts sont déjà prometteurs…
En début d’année, je proposais dans un billet de blog quelques trucs et astuces pour la réalisation et le montage de vidéos mobile suite à une formation que nous eu la chance de suivre. Rapidement, le matériel nécessaire est acheté. Nous avons alors toutes les cartes en main pour nous tester à de premières productions vidéo. Galvanisés par notre nouvel apprentissage, et regorgeant d’idées pour l’exploiter, nous nous jetons à l’eau. Quelques mois plus tard, voici un premier bilan de ces quelques essais qui laissent entrevoir la mise en place d’un MediaLab.
Des vidéos pour communiquer sur les réseaux sociaux
C’est le premier format que nous avons testé. L’objectif est de valoriser des actions et projets au travers de vidéos à diffuser sur les réseaux sociaux. Nous nous inspirons des vidéos de Brut ou encore de Konbini pour constituer une première charte de nos futurs contenus (typographie, choix d’apparition des textes, musique, etc.).
Grosso modo, nous souhaitons produire des vidéos dynamiques (moins d’une minute), avec des prises de vues qui s’enchaînent rapidement et un contenu écrit qui apparaît sur la vidéo pour donner des informations. Dans le meilleur des mondes, il serait bon d’affirmer une véritable ligne éditoriale visuelle qui permettrait de nous identifier au premier regard. Nous y travaillons 😉
Une fois cette étape dégrossie, nous identifions les premiers évènements qui pourraient être mis en image tout en sachant que nous ne manquerons pas d’inspiration pour trouver des projets à valoriser. Au total, 3 vidéos ont été réalisées à ce jour. 3 essais peuvent paraître peu, mais nous commençons déjà à considérer quelques améliorations.
Rendre sa vidéo attractive
En ce qui concerne la prise de vue, nous comprenons rapidement l’importance de l’aspect attractif de l’image. C’est évident, mais ça n’est pas toujours simple à mettre en œuvre. Montrer à voir est prépondérant ! D’autant que les réseaux sociaux sont à l’heure de l’économie de l’attention. Par exemple, filmer des personnes au loin qui tiennent un stand décoré d’affiches n’est pas véritablement attractif et nous avons eu parfois affaire à de véritables challenges pour trouver des prises exploitables. D’où l’idée de réaliser des prises de vues en gros plan qui vont se focaliser sur des objets, sur des visages souriants ou encore sur des mains qui expliquent.
Apprendre à synthétiser
Pour des vidéos qui n’ont pas de voix off, synthétiser son contenu écrit peut parfois être un véritable casse-tête. Entre le trop et le pas assez, nous avons eu parfois beaucoup de mal à faire des choix. Un autre aspect concerne l’apparition de ce contenu textuel. En effet, tout comme la prise de vue, l’arrivée du texte sur la vidéo doit être dynamique et surtout garantir une lecture rapide et compréhensible. Mélanger des effets d’apparition et des couleurs de texte dans une même vidéo aura tendance à perdre le spectateur. Toute la subtilité réside à assurer une apparition du texte au moment propice de la prise de vue sans que l’un prenne le dessus sur l’autre. Un conseil (que nous allons nous efforcer de suivre nous-mêmes d’ailleurs) : prendre le temps d’écrire véritablement votre vidéo avant de la tourner.
S’épargner un montage fastidieux
Suite à notre formation durant laquelle nous nous sommes exercés au montage avec Kinemaster, nous avons réalisé nos premières productions avec cette application mobile. L’avantage est qu’elle permet un montage passablement rapide sans avoir à dérusher* ses prises de vues sur un ordinateur. On tourne puis on monte directement depuis son smartphone, ce qui permet de diffuser plus rapidement. Sauf que… son utilisation n’est pas des plus pratique :/ Capacité de stockage du téléphone, bug de l’application et taille de l’écran réduite rendent parfois le montage fastidieux. Pour des montages rapides de courtes vidéos sur le téléphone, j’ai testé à plusieurs reprises l’application Quik qui a l’avantage de proposer des modèles de montage “clés en main” assez moderne. Attention, à utiliser uniquement pour de très courtes vidéos.
Pour des montages plus longs, nous nous sommes arrêtés sur Wondershare Filmora. En plus d’être très intuitif, ce logiciel regorge d’effets. Une chaîne de tutoriels est même disponible en français pour accompagner les néophytes. Il vous permettra sans nul doute de réaliser des vidéos de qualité et de se rapprocher d’un rendu presque professionnel (je dis presque, car c’est quand même un métier la création vidéo !). Personnellement, j’en suis devenue une véritable adepte ! 😉
* Le dérushage est la première étape du montage d’un programme audiovisuel. Il consiste à sélectionne les vidéos à utiliser lors du montage, appelés rushes et à les transférer sur la plate-forme de montage.
Des Facebook Live lors d’évènements
Eh oui ! Nous nous sommes aussi lancés dans les directs sur Facebook. Alors j’avoue que l’idée m’a beaucoup questionné au départ. Maîtriser un Live sur les réseaux sociaux demande une importante préparation et l’exercice était encore relativement nouveau.
Mais en même temps, l’idée de retransmettre en direct un évènement, une expérience, une visite de laboratoire m’a vraiment séduite.
Nous commençons donc par brainstormer sur le genre de Live à proposer sur notre page Facebook qui, je le rappelle, cible avant tout les professionnels de la culture scientifique et technique. Deux évènements majeurs ressortent pour nous tester : une soirée de Pint of science à Toulouse à retransmettre avec des interviews de celles et ceux qui font le festival ET un reportage en plein cœur du Village des sciences de Science in the city, Place du Capitole, qui s’est tenu pendant ESOF 2018 et qui a accueilli, entre autres, notre Propulseur.
Un Live, ça se prépare !
Je dirais même que ça se prépare énormément, tout simplement parce qu’un direct bien mené ne laisse pas beaucoup de place à l’improvisation (et nous ne nous imaginions pas à quel point au départ !). Voici ce que nous en retenons :
Pour commencer, il est indispensable de procéder à une reconnaissance des lieux (chose que nous avons un peu négligée lors des tests). Vérifiez surtout la connexion 4G ou Wi-Fi (c’est primordial, car à la moindre coupure, le Live se stoppe net sur Facebook). Pour Pint of science, le Wi-Fi n’était pas optimal, ce qui a causé quelques flous. Et vérifiez d’autant plus ces paramètres si vous prévoyez de vous déplacer pendant le reportage. Ne faites surtout pas comme nous qui avons complètement zappé de vérifier la connexion à bord du Propulseur, Place du Capitole.
Vérifiez la météo également surtout quand vous prévoyez un extérieur. Évitez autant que faire se peut les jours de canicules pour des reportages en extérieur, et ce pour la santé de votre téléphone. Au Village des sciences, c’est le soleil qui a fait surchauffer le téléphone et qui a coupé la connexion. Résultat : deux coupures en moins de 2 minutes… Heureusement, nous étions en phase de test :p
Mise en place du matériel, contrôle de la stabilité du téléphone (n’hésitez pas à vous servir d’un niveau à bulle) et du son surtout quand vos Live sont prévus en plein cœur d’un évènement assez bruyant. Pour infos : un micro-cravate se positionne à 15 centimètres de la source sonore et pas au bout des lèvres comme j’ai eu l’intelligence de faire pour le Live de Pint of science. Ça a tendance à saturer les voix. Et la tenue est aussi importante ! Sabrine, le jour du live à Esof, portait un débardeur un peu souple, ce qui a placé le micro-cravate trop loin de sa bouche.
Poussez la préparation du conducteur à l’extrême en indiquant les transitions, les prises de respiration, vos éventuels mouvements, etc. Ça paraît contradictoire avec l’idée d’un direct spontané, mais c’est cette préparation qui le rendra naturel.
L’art et la manière de combler les blancs
Le Live est lancé, tout se passe comme prévu. Et si vous avez correctement préparé le contenu de votre interview ou reportage, vous savez quoi dire et de quelle manière au moment où… “rien ne se passe”. Quand je dis “rien ne se passe”… Je parle de ce moment où votre interviewé n°2 s’installe sur le canapé. Ou encore ce moment où vous vous dirigez vers le camion des sciences lors de votre évènement. Tout ça pour dire que savoir combler les fameux moments de latence est un vrai plus pour garder l’attention du spectateur. Et c’est là que je reviens sur l’importance de préparer à l’extrême son conducteur en amont. Je pense qu’il ne faut pas hésiter à ajouter des phrases toutes prêtes autour de votre contenu qui donneront de l’info supplémentaire et tiendront en haleine vos spectateurs. Clairement, pendant le live du Village des sciences, nous avons manqué de ce type de contenu…
Dans la peau d’un animateur TV
Pour nos deux premiers tests, nous nous sommes lancés à deux (avec Sabrine, en stage à la communication) dans l’animation du Live. C’est vrai que c’est plutôt rassurant d’aborder l’animation à deux. Mais avec le recul, je pense réellement qu’une seule personne est largement suffisante pour ce type de contenu. Finalement, être à deux provoque souvent une sorte de “ping-pong” d’élocutions qui, mal maîtrisé, ne rend pas forcément bien à l’écoute.
Et puis, être à l’aise face caméra n’est pas forcément inné (ça ne l’est pas pour moi en tout cas). Et encore moins en situation de direct… Après deux essais, si j’avais une recette à vous prodiguer pour aborder ce moment plus sereinement, je vous conseillerais de connaître votre texte à la manière d’un acteur de théâtre (pas à la manière d’une récitation scolaire hein). Par exemple, je “joue” mon texte comme ci j’y étais avant le jour J. C’est d’autant plus important qu’on n’écrit pas de la même manière pour de l’écrit que pour de l’oral. Donc selon moi, c’est une façon certaine de ne pas avoir l’air trop stressée tout en faisant passer les informations avec dynamisme et conviction.
Autre chose importante : le sourire ! C’est beaucoup plus agréable et ça donne l’impression d’une certaine maîtrise. Pour résumer, si jamais un imprévu se produit pendant votre Live, ne changez surtout pas d’attitude. Vous gardez votre self-contrôle et ne faites pas les gros yeux blancs. Vous savez ceux qui montrent qu’on est complètement dérouté. Je vous dis ça en connaissance de cause, car nous avons éprouvé quelques imprévus. Nous avons aussi essuyé quelques sueurs froides, qui nous le pensons, se sont un peu ressenties à l’écran.
Une animation grand public autour de la création vidéo sur fond vert
À l’occasion du Village des sciences du festival Science in the City durant ESOF 2018, nous avons eu l’idée de tester une nouvelle animation dans le Propulseur au vu d’un nouveau projet. En effet, à l’instar de son Fab-Lab et de la dissémination de la démarche auprès des publics, nous imaginons créer un véritable laboratoire de création de contenus média. Un MédiaLab ! Et de proposer des ateliers en lien pour les publics. Pour ESOF, l’idée de départ était donc d’imaginer une première animation autour de la création vidéo sur font vert. À la manière d’un présentateur TV, le visiteur serait filmé en train d’expliquer quelque chose. Il se testerait ensuite au montage vidéo en incrustant un arrière-plan avec Filmora Wondershare.
Balance ton Fake, le déroulé d’une animation autour des idées reçues
Avec Sarah, en charge de la médiation dans Le Propulseur, nous nous sommes orientées sur la thématique des avancées scientifiques. Nous imaginions proposer au public de partager une découverte scientifique récente. D’expliquer ce qui lui plaît, ce qui le questionne ou encore ce qu’il craint au vu de cette avancée.
Puis une autre idée nous est venue : les fausses découvertes scientifiques. Nous imaginions alors proposer aux participants de se mettre dans la peau d’une personne malveillante. Cette dernière annoncerait une fausse découverte scientifique en expliquant ce qu’elle changera dans nos quotidiens. Par ce biais, nous souhaitions leur faire comprendre que ce genre de contenu peut circuler dans les médias. Et qu’il faut apprendre à être vigilant, à vérifier les sources, bref, à faire preuve d’esprit critique. En guise de conclusion de la vidéo, le participant expliquerait en quoi sa découverte scientifique ne peut pas être possible. Elle finirait donc par mettre en garde ses spectateurs des fausses infos en général.
« L’Homme descend du singe ». « Nous n’utilisons que 10% de notre cerveau ». Ou encore « une créature préhistorique ressuscite après avoir passé des millions d’années piégées dans la glace ». Elles sont quelques-unes des fausses découvertes scientifiques que nous avons choisi. Ces idées reçues sont présentées sous forme de cartes à piocher avec au revers le démenti de la fausse découverte. Nous avons également conçu un canevas sur lequel le participant pourra écrire son scénario. Et enfin, nous avons élaboré des fiches tutoriels autour de l’écriture du scénario et du montage sur le logiciel.
La problématique du flux
Résultat : ça fonctionne ! De nombreuses personnes se sont prêtées au jeu, étaient curieuses des découvertes sélectionnées, nous posaient des questions en lien. Les tournages s’enchaînaient, et nous proposions aux participants de tester les fonctionnalités de base du logiciel en créant eux-mêmes leur montage sur fond vert. Et je peux vous dire que ça a au son petit effet de se voir en plein cœur d’une galaxie ou à côté d’un alien.
Le bilan de cette première animation grand public
Après une semaine d’animation et près de 25 vidéos créées, c’est l’heure du bilan ! Ce premier essai nous laisse entrevoir de nombreuses améliorations et idées. Déjà, nous savons que ces animations sont très difficiles en flux continu. Nous pensons par contre qu’une journée ou demi-journée dans un contexte de groupe serait plus appréciable pour les accomplir. Faire réfléchir sur ce qu’évoque une avancée scientifique. Sur l’idée des fausses infos ou simplement sur la compréhension des contenus scientifiques en question demande déjà une phase importante de médiation humaine. Elle est forcément sacrifiée dans un contexte de flux. Malgré tout, ce test aura permis de se tester à la création vidéo sur fond vert et au montage.
Nous entrevoyons d’autres animations pour différents types de contexte. Animation « GiF Lab », création d’un podcast scientifique avec une classe. Proposer à des lycéens de faire une Live dans un laboratoire. Animation autour de la création de capsules vidéo spatio-temporelles dans lesquelles des jeunes enverraient un message au futur. Une animation autour de la création de photos truquées pour sensibiliser aux détournements d’images. Ou encore, proposer de partager une lecture scientifique, un documentaire marquant ou une visite d’un centre de science à la manière d’un Youtubeur, etc.
Vous l’aurez compris, nous sommes bel et bien à la genèse de ce projet de MédiaLab. Elle nous permettra à la fois de raconter la vie de notre association, de raconter le territoire. Mais aussi de permettre aux publics d’être eux-mêmes acteurs du partage de savoirs.
Spéciale dédicace au Média Lab de La Casemate et son équipe qui nous ont beaucoup inspiré 😉
Et un grand merci à l’équipe communication du CNRS pour leurs précieux conseils sur les Facebook Live !