Pour la Fête de la nature, Nicolas était à Saint Jean, à bord du Propulseur. L’occasion pour lui de proposer des ateliers scolaires sur un sujet qui lui tient à coeur : le développement durable dans un FabLab.

Voilà quelques mois que je prends mes quartiers au sein du Propulseur. Vous qui lisez ces lignes, vous connaissez sans doute ce super outil itinérant pour la promotion des Fablabs qui fleurissent dans la 1èreFabrégion de France : l’Occitanie.


Dans ma posture de médiateur scientifique, j’y vois surtout un excellent moyen de sensibilisation afin de casser les idées reçues.


 

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Non, ces machines ne sont pas réservées aux ingénieurs et entreprises ! Oui, toutes les idées sont bonnes : elles permettent de sortir du cadre et de favoriser l’innovation de rupture. Non, nous ne sommes pas obligés de subir le système de consommation qui nous est vendu… Et non, je ne vis pas dans le Propulseur comme pourrait le faire penser certaines émissions TV !


Dans le cadre de la Fête de la Nature à Saint-Jean, l’accent est donc mis sur le développement durable et la manière dont (étrangement ?) les outils numériques peuvent nous permettre de favoriser la nature en ville.

Etape 1 : « Où veut-on vivre demain ? », atelier sur les habitats écologiques

Au cours de plusieurs séances, les classes de primaires défilent donc pour réfléchir ensemble à la manière de concevoir nos habitats de manière écologique dans un monde où plus de 50 % de la population continue de vivre en ville.  Pourquoi s’évertuer à produire des isolants à base de pétrole tels que le polystyrène expansé quand cette ressource est si rare et si peu renouvelable alors que nous possédons une si grande variété d’isolants naturels tout aussi efficaces ?


Les différents lièges, la laine ou encore la fibre de bois offrent des résultats comparables aux isolants chimiques et sont souvent moins chers à produire…

« Il fait trop sombre dans la pièce depuis que mon ampoule est cassée et si… j’ouvrais les volets ?! » Nos soleils artificiels nous ont fait oublier la source principale de lumière et de chaleur sur Terre. Pourquoi ne pas simplement orienter nos maisons vers Hélios et l’inviter aussi longtemps que possible dans nos maisons grâce à de grandes baies vitrées. Ces questions innocentes mais fondamentales sont à la base des réflexions pour la conception des habitats urbains de demain.


Héliotrope, l’immeuble qui s’oriente en suivant la course du soleil et écoark dont les « briques » sont façonnées à partir de bouteilles recyclées.
Nos échanges aboutissent ainsi à la conception de maquettes personnalisées réunissant l’ensemble des solutions durables apportées par les enfants.


Seul petit problème de l’atelier : le timing. Les échanges avec les enfants sont nombreux car chacun veut absolument raconter la fois où il a cassé le mur de sa maison et vu un isolant original à travers la paroi ou celle où son grand-père a construit un récupérateur d’eau connecté à sa maison pour pouvoir se laver avec l’eau de pluie. Tant pis, ces échanges sont aussi importants et nous permettent de bifurquer vers les notions d’empreinte écologique. Et de quoi continuer la discussion en classe à l’aide des questionnaires proposés en ligne !

 

Etape 2 : atelier de créativité pour favoriser la nature en ville


« Le Propulseur ne se déplace pas pour rien ! Il est en mission secrète afin de remédier à l’un des enjeux majeurs du 21e siècle pour la faune et la flore : la fragmentation écologique. Késako ? Le concept est simple, l’homme construit des villes et des routes pour se déplacer. Mais en retour que se passe-t-il ?


« Et oui, nos constructions humaines coupent les espaces naturels. Elles créent un puzzle de nature. Il nous faut trouver un moyen de relier les pièces entre elles. Recréer des espaces pour les animaux afin qu’ils traversent nos villes, autoroutes et zones industrielles pour ne pas rester enfermés sur une seule de ces pièces de nature ! Vous avez donc une mission de la plus haute importance ! Pour cela, le mieux est de vous mettre dans la peau des animaux que vous devez aider… »


Par équipe, nos écoliers se mettent dans la peau d’une chauve-souris (la pipistrelle), d’un écureuil roux ou encore d’une carpe (ce qui peut être considéré comme un exploit pour cette dernière !). On se répartit les rôles. Les graphistes amateurs prennent les stylos, les feutres et les crayons et modélisent sur papier nos plans d’attaque : la cour de l’école, les alentours du terrain de football ou encore les recoins des combles de l’église de Saint-Jean.


Les équipes doivent alors rivaliser de créativité et imaginer des dispositifs à intégrer au sein de leurs paysages pour répondre aux besoins de leurs espèces… tout en s’adaptant aux menaces que votre serviteur, perfide, vient ajouter sur le champ de bataille !  Une seule règle : s’écouter et ne jamais rejeter une idée sans la confronter.


Des tyroliennes à écureuils et des dortoirs à pipistrelles : et si l’on sortait du cadre pour proposer des solutions innovantes ?

Etape 3 : fabrication d’un nichoir

« Et la découpeuse laser dans tout ça ? »

C’est ce que ne cessent de me répéter Maxime, Andréa et Alexandre en louchant sur l’appareil posé derrière eux. « On y vient ! Le Fablab c’est avant tout un lieu de discussion où l’on vient confronter nos idées avec celles des autres. Vous vous rappelez de notre mission ? Favoriser la nature en ville ! Avant de venir, nous nous sommes donc creusés les méninges et nous avons décidé de concevoir un nichoir avec vous. Il a alors fallu réaliser des prototypes, des maquettes à tester, pour être sûr que notre produit final sera apte à accueillir dans de bonnes conditions nos animaux, comme ce que vous avez fait avec vos maquettes d’habitats écologiques. ». C’est d’ailleurs tout le travail qui a été réalisé en amont par Matthieu, notre Fabmanager en herbe à Science Animation, pour concevoir un nichoir satanique dont je vous invite vivement à découvrir la démarche ici.

On réfléchit ensemble aux qualités et défauts de nos prototypes (trop petit, ouverture trop grande, toit perméable…) afin d’ajouter les derniers détails aux fichiers proposés aux élèves. Notre espèce cible ? La mésange charbonnière. C’est elle que nous avons choisie comme alliée dans notre lutte biologique contre les chenilles processionnaires qu’elles avalent par centaine dans nos jardins et parcs.

Passons enfin du papier à l’écran et un logiciel de modélisation 2D pour finaliser les plans : un cercle de 34mm pour ne permettre l’accès qu’à notre mésange, un rectangle qui découpera notre porte afin de nettoyer l’intérieur du nichoir et surtout du texte vectorisé pour personnaliser notre travail.

Le temps de prendre en main les outils, le temps passe vite. Nous devons rapidement passer aux machines et à la découpe de notre nichoir…. pour nous rendre compte qu’1 mm d’épaisseur de différence sur nos plaques de bois peut rendre le nichoir soit instable, soit tellement serré qu’il faut se mettre au marteau pour assembler les pièces entre elles. « Bel exemple de l’intérêt d’un prototype, n’est-ce pas les enfants ? L’avantage, c’est que vous pourrez repartir avec deux modèles à finaliser en classe ! ».


 

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Conclusion : la fabrication numérique peut-elle être durable ?

Le message qu’il m’a fallu construire durant mon séjour à Saint-Jean est que l’ère industrielle de nos parents et grands-parents nous a apporté pas mal de préjugés. La technologie et ses machines mécaniques ou électroniques sont souvent synonymes de pollution. On oppose d’ailleurs souvent les produits industriels aux produits naturels.

Les Fablabs sont apparus à la fin des années 1990 à partir d’un concept développé au MIT. Ils doivent donc intégrer, dès leur fondation, les réflexions environnementales mises sur le devant de la scène via les conférences internationales pour le climat (tel que le très médiatisé Sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992.)

Dans la mouvance du DIY, les « fab users » ont en général une démarche durable sans pourtant la nommer comme telle : les plans des imprimantes 3D souvent accessibles en open source permettent de recycler les composants de nos anciennes imprimantes 2D, voire même de produire les futurs exemplaires en les imprimant avec les machines déjà à disposition.


Au sein du Propulseur, nous prolongeons donc cette réflexion, avec l’utilisation d’un plastique biodégradable, le PLA, sur les imprimantes 3D, le recyclage des résidus de PLA qui peuvent être réchauffés et réutilisés avec un extrudeur de filament, l’utilisation de nos matériaux de découpe jusqu’à la dernière miette ou encore ces ateliers de créativité permettant de mixer intelligence collective et capacités des outils numériques.