Un FabLab, oui, mais durable s’il vous plaît !
Pour la Fête de la nature, Nicolas était à Saint Jean, à bord du Propulseur. L’occasion pour lui de proposer des ateliers scolaires sur un sujet qui lui tient à coeur : le développement durable dans un FabLab.
Voilà quelques mois que je prends mes quartiers au sein du Propulseur. Vous qui lisez ces lignes, vous connaissez sans doute ce super outil itinérant pour la promotion des Fablabs qui fleurissent dans la 1èreFabrégion de France : l’Occitanie.
Non, ces machines ne sont pas réservées aux ingénieurs et entreprises ! Oui, toutes les idées sont bonnes : elles permettent de sortir du cadre et de favoriser l’innovation de rupture. Non, nous ne sommes pas obligés de subir le système de consommation qui nous est vendu… Et non, je ne vis pas dans le Propulseur comme pourrait le faire penser certaines émissions TV !
Etape 1 : « Où veut-on vivre demain ? », atelier sur les habitats écologiques
Au cours de plusieurs séances, les classes de primaires défilent donc pour réfléchir ensemble à la manière de concevoir nos habitats de manière écologique dans un monde où plus de 50 % de la population continue de vivre en ville. Pourquoi s’évertuer à produire des isolants à base de pétrole tels que le polystyrène expansé quand cette ressource est si rare et si peu renouvelable alors que nous possédons une si grande variété d’isolants naturels tout aussi efficaces ?
Les différents lièges, la laine ou encore la fibre de bois offrent des résultats comparables aux isolants chimiques et sont souvent moins chers à produire…
« Il fait trop sombre dans la pièce depuis que mon ampoule est cassée et si… j’ouvrais les volets ?! » Nos soleils artificiels nous ont fait oublier la source principale de lumière et de chaleur sur Terre. Pourquoi ne pas simplement orienter nos maisons vers Hélios et l’inviter aussi longtemps que possible dans nos maisons grâce à de grandes baies vitrées. Ces questions innocentes mais fondamentales sont à la base des réflexions pour la conception des habitats urbains de demain.
Héliotrope, l’immeuble qui s’oriente en suivant la course du soleil et écoark dont les « briques » sont façonnées à partir de bouteilles recyclées.
Etape 2 : atelier de créativité pour favoriser la nature en ville
Des tyroliennes à écureuils et des dortoirs à pipistrelles : et si l’on sortait du cadre pour proposer des solutions innovantes ?
Etape 3 : fabrication d’un nichoir
« Et la découpeuse laser dans tout ça ? »
C’est ce que ne cessent de me répéter Maxime, Andréa et Alexandre en louchant sur l’appareil posé derrière eux. « On y vient ! Le Fablab c’est avant tout un lieu de discussion où l’on vient confronter nos idées avec celles des autres. Vous vous rappelez de notre mission ? Favoriser la nature en ville ! Avant de venir, nous nous sommes donc creusés les méninges et nous avons décidé de concevoir un nichoir avec vous. Il a alors fallu réaliser des prototypes, des maquettes à tester, pour être sûr que notre produit final sera apte à accueillir dans de bonnes conditions nos animaux, comme ce que vous avez fait avec vos maquettes d’habitats écologiques. ». C’est d’ailleurs tout le travail qui a été réalisé en amont par Matthieu, notre Fabmanager en herbe à Science Animation, pour concevoir un nichoir satanique dont je vous invite vivement à découvrir la démarche ici.
On réfléchit ensemble aux qualités et défauts de nos prototypes (trop petit, ouverture trop grande, toit perméable…) afin d’ajouter les derniers détails aux fichiers proposés aux élèves. Notre espèce cible ? La mésange charbonnière. C’est elle que nous avons choisie comme alliée dans notre lutte biologique contre les chenilles processionnaires qu’elles avalent par centaine dans nos jardins et parcs.
Passons enfin du papier à l’écran et un logiciel de modélisation 2D pour finaliser les plans : un cercle de 34mm pour ne permettre l’accès qu’à notre mésange, un rectangle qui découpera notre porte afin de nettoyer l’intérieur du nichoir et surtout du texte vectorisé pour personnaliser notre travail.
Conclusion : la fabrication numérique peut-elle être durable ?
Le message qu’il m’a fallu construire durant mon séjour à Saint-Jean est que l’ère industrielle de nos parents et grands-parents nous a apporté pas mal de préjugés. La technologie et ses machines mécaniques ou électroniques sont souvent synonymes de pollution. On oppose d’ailleurs souvent les produits industriels aux produits naturels.
Les Fablabs sont apparus à la fin des années 1990 à partir d’un concept développé au MIT. Ils doivent donc intégrer, dès leur fondation, les réflexions environnementales mises sur le devant de la scène via les conférences internationales pour le climat (tel que le très médiatisé Sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992.)
Dans la mouvance du DIY, les « fab users » ont en général une démarche durable sans pourtant la nommer comme telle : les plans des imprimantes 3D souvent accessibles en open source permettent de recycler les composants de nos anciennes imprimantes 2D, voire même de produire les futurs exemplaires en les imprimant avec les machines déjà à disposition.