Du 14 au 16 mai 2018, à Montpellier et Toulouse, des dizaines de scientifiques quittaient momentanément leurs laboratoires, assiégeant bars et cafés pour partager leurs travaux au public à l’occasion de Pint of science ! Un festival international que nous accompagnons en participant à l’organisation des deux villes. Après des mois de préparation, Anaïs (coordinatrice de Montpellier) Léna et Morgane (co-coordinatrices de Toulouse) reviennent sur les nouveautés testées à l’occasion de cette édition : traduction en langue des signes, live vidéo sur Facebook, formations…

Les expérimentations montpelliéraines

Les bénévoles de Pint of science se sont à nouveau fortement mobilisés pour l’organisation de la quatrième édition à Montpellier. Au total, une vingtaine de personnes aux profils variés (chercheurs, doctorants, médiateurs, étudiants en info-com…) a rejoint l’aventure. Qui dit équipes nombreuses, dit répartition des responsabilités. Pour faciliter les échanges, des responsables de thématiques sont désignés. Organiser une réunion à 20 c’est un vrai casse-tête pour croiser les agendas ! Une équipe consacrée à la communication s’est même constituée. L’occasion d’imaginer notamment une vidéo promo spéciale Montpellier dans la joie et la bonne humeur ! (un nain se cache dans la vidéo 🙂 )


 

Tout comme l’année dernière, des bières ont été brassées avec l’association la Brasserie Artisanale de Figuerolles. Une soirée spéciale a été organisée également en avril pour présenter le festival et communiquer en amont sur l’événement. Le thème sur les mousses de bière a eu son petit succès ! Cette année, l’accent a été aussi mis sur l’expérimentation de nouveaux formats de présentation plus interactifs et l’ouverture du festival à un public plus large.

La science en Langue des Signes Français

Des événements comme Pint of science qui ont pour but de rendre accessibles les sciences à tous sont rarement à destination de la communauté sourde et malentendante. Pour la première fois à Montpellier, trois soirées ont été traduites en Langue des Signes Française (LSF). Nous avons fait appel à une société de traduction professionnelle, ce qui nécessite un budget conséquent (environ 600 euros pour une soirée). Il est possible de s’adresser directement à des associations pour la traduction mais je conseille vivement de faire appel à des professionnels tant l’exercice est délicat. Traduire une soirée en direct implique par ailleurs une grande capacité d’écoute.

Quelques points de vigilances pour organiser une soirée traduite en LSF :

  • Les sujets ne doivent pas être trop complexes à traduire. Nous avons de notre côté traduit les soirées “sciences humaines” pour éviter le jargon trop spécifique : “Les quartiers populaires en centre ville sont-ils condamnés ?”, “Le genre en question(s)” et “L’animal est-il un homme comme les autres ?”.
  • Une communication cible la communauté. L’information a été transmise au service handiversité de l’Université de Montpellier et via des associations de sourds et malentendants.
  • Choisir un bar pas trop petit et avec une luminosité suffisante. Traduire en langue des signes française implique une communication via les expressions du visage. Les sourds et malentendants doivent donc bien voir les traducteurs.
  • Réserver des places aux personnes qui n’auraient pas eu accès aux inscriptions en ligne
  • Faire attention au placement des personnes sourdes et malentendantes. Le plus simple est donc de réserver des places près des intervenants.
  • Communiquer en amont des documents et les présentations des intervenants aux traducteurs(rices) pour qu’ils se préparent au mieux.

Les trois soirées ont eu un joli succès, une dizaine de personnes sourdes et malentendantes par soir. Un reportage a même été réalisé par France 3 en mettant en avant notre initiative.


 

Des intervenants et animateurs préparés

En avril dernier, Elodie Chabrol, la coordinatrice Pint of Science, a proposé un training le temps d’une soirée dans l’un de nos bars partenaires. L’occasion à cette ancienne chercheuse de transmettre son expérience. Son intervention sous la forme d’une discussion a pointé les principes de base suivant :

  • Faire attention au vocabulaire utilisé
  • Construire une intervention la plus interactive possible
  • Amener un objet ou réaliser une expérience pour apporter du concret
  • Si un Power Point est utilisé, faire attention à ce qu’il soit claire avec peu de texte
  • Ne pas hésiter à raconter des histoires, anecdotes Une quinzaine d’intervenants étaient au rendez-vous.

Leurs questions étaient principalement centrées sur le déroulement concret du festival. Du côté des animateurs, une formation a également été organisée. Au programme : une réflexion autour de ce qui définit une soirée réussie et les trucs et astuces pour préparer une soirée Pint of Science en amont et gérer au mieux les intervenants et le public pendant l’animation. Les deux formations ont permis d’échanger sur les expériences de chacun et de rassurer ceux qui ne s’étaient jamais prêtés à l’exercice.


©Nicolas Brun

Des interventions plus interactives

Les bénévoles ont cette année organisé un plus grand nombre de soirées avec des formats plus originaux. Certaines interventions ont été imaginées sous forme d’ateliers comme celle sur le système olfactif qui a été l’occasion de faire des expériences autour des odeurs. Une soirée a même pris la forme d’un TEDx. L’intervenant, à l’aise sur scène, a présenté son sujet en mode stand up, accompagné d’expériences diverses sur le physique et la musique.


©Nicolas Brun

Les expérimentations toulousaines

Octobre 2017, première rencontre de bénévoles et première surprise, nous passons d’une quinzaine à plus d’une trentaine de personnes motivées pour participer à l’organisation du festival à Toulouse. Pour cette seconde édition, il va falloir redoubler d’exigence pour proposer deux fois plus d’événements dans deux fois plus de bars avec, par conséquent, deux fois plus de scientifiques !

Nous nous armons de motivation pour organiser 20 soirées aux thématiques diverses et variées invitant 50 scientifiques dans 8 bars. Pas question pour nous de rester sur nos lauriers. La première édition du festival nous a largement servi de test pour parfaire notre organisation, tant au niveau du format proposé qu’en termes de communication.

Rencontrer les intervenants scientifiques

C’est un point qui nous a paru essentiel lors de l’édition précédente. En effet, même si tous les intervenants étaient très enthousiastes et volontaires pour participer à l’événement, nous nous sommes rendu compte que certains discours n’étaient pas accessibles à tous et surtout que les présentations de chacun s’apparentaient davantage au format “conférence” plutôt qu’à une discussion informelle. Or, le concept de Pint of science est avant tout de se retrouver autour d’une bière, dans un format convivial et détendu. Dès le départ, nous nous sommes longuement questionnées sur ce que nous pouvions proposer pour permettre à nos intervenants d’échanger facilement avec les publics attendus et susciter chez eux de l’intérêt, de la curiosité et des questions.

Vulgarisation scientifique et médiation humaine

À ce propos, l’organisation nationale de Pint of science fournit déjà un brief détaillé avec de bonnes idées à mettre en oeuvre. Néanmoins, nous restons convaincues que la médiation humaine est plus pertinente qu’un document envoyé par mail et laissé aux oubliettes. Nous avons donc opté pour rencontrer en chair et en os nos intervenants afin de les sensibiliser à la vulgarisation scientifique. Et c’est là que l’affaire se corse. Comment arriver à organiser une formation pour 50 scientifiques d’horizons et d’expériences de médiation différentes dans un bref délai ? En combinant nos emplois du temps avec les leurs, nous comprenons rapidement que ce n’est pas possible !

Nous choisissons donc une autre option : proposer aux intervenants d’une même thématique de nous retrouver dans leur bar d’intervention pour discuter de vulgarisation scientifique au sens large, des objectifs du festival, et surtout de leur donner des exemples de formats en fonction de ce qu’ils pensent présenter au public. Au programme de ces rencontres, nous avons soulevé plusieurs questions pour susciter la discussion : quel est l’esprit du festival Pint of science ? Comment vont se dérouler les soirées ? À quel public s’adresse-t-on ? Quelles sont les expériences de chacun en termes de médiation ? Qu’est-ce que la vulgarisation scientifique ? Comment présenter son sujet de recherche ? Quels formats faut-il préconiser ? De quelle manière peut-on inciter le public à participer ? etc.

Au final, nous avons réussi à rencontrer une quinzaine d’intervenants avec lesquels nous avons pu échanger autour de divers sujets, vis-à-vis de leurs attentes, leurs contraintes, leurs envies… L’objectif pour nous était que tout le monde s’y retrouve : intervenants, publics et bénévoles.

 

 

Une soirée de festival, ça s’anime !

L’année précédente, nous trouvions que l’ambiance festive n’était pas suffisamment au rendez-vous ! Bien que les bars soient propices à la convivialité, le rôle d’animateur/ambianceur de soirée n’est pas à négliger. Encore une fois, nous cherchons à apporter des billes à l’équipe de bénévoles, à la fois pour comprendre l’importance d’un tel rôle et pour leur permettre de l’appréhender plus sereinement. Animer une soirée n’étant pas une chose aisée, nous organisons donc une rencontre avec les bénévoles s’étant proposés pour leur donner quelques clés de “bonnes pratiques”. Plusieurs points étaient à l’ordre du jour : la posture de l’animateur et du modérateur, la préparation en amont de l’événement, la présentation des intervenants, la gestion du temps de parole, les interactions avec le public, la préparation des questions, l’animation du quiz, la modération, le speech d’introduction, etc.


 

Premier test d’un Facebook live

Cherchant toujours à tester de nouveaux formats à Science Animation et également pour nous mettre à la page, nous décidons de retranscrire une des soirées de l’évènement en Facebook live. Une occasion comme celle-ci nous paraît trop belle pour ne pas se lancer avec Sabrine, en stage à la communication. Matériel nécessaire, déroulé, conducteur, nous brainstormons longuement après nous être inspirées sur la toile.

Le format interview nous paraît rapidement plus approprié qu’une simple retranscription des échanges d’une soirée. Pour le lieu, l’ambiance colorée de l’Eurêkafé (un des cafés partenaires) et ses curiosités scientifiques est idéale pour garantir un rendu visuel attrayant. Notre idée : proposer un aperçu de l’ambiance d’une soirée Pint of science à Toulouse en ouvrant les coulisses de son organisation au travers du témoignage de celles et ceux qui font le festival.

Nous identifions 4 invités qui représentent les principaux protagonistes du festival, à savoir, un intervenant scientifique, un responsable de bar, un bénévole de l’organisation et une médiatrice scientifique. Bien que regorgeant d’enthousiasme, la réalité de la mise en œuvre nous rattrape rapidement. Le live sur les réseaux sociaux demande beaucoup de préparation, tant au niveau du déroulé que de la technique. Nous avions prévu deux répétitions qui nous ont réservé de nombreuses surprises…

Arrive le jour j

Le jour J, rien ou presque ne s’est passé comme nous l’avions envisagé :

  • L’espace du live a été changé à la dernière minute. La salle que nous avions choisie s’est retrouvée envahie d’une partie du mobilier du bar.
  • Le cadrage du téléphone a été très difficile à mettre au point. Faire “rentrer” les invités et les animateurs dans l’angle de prise de vues du téléphone s’est révélé être un véritable calvaire. La configuration initiale devait permettre de filmer en mode paysage 4 personnes assises à côté. Cependant, l’application Facebook ne permet pas les prises de vues horizontales. Et malheureusement, le mode portrait impose de prendre un recul important pour cadrer autant de personnes. L’inconvénient est que le live est justement pensé pour des prises de vues rapprochées. Nous avons été condamnés d’apparaître finalement deux par deux et bien serrés !
  • L’horaire de début de direct a été retardée et l’ordre des invités n’était pas celui que nous avions préparé.
  • La connexion internet n’était pas des plus optimale. Vous le remarquerez de temps en temps à notre apparence pixelisée.
  • Finalement la pire de ces surprises a été de s’apercevoir que la poignée n’était pas du tout adaptée au téléphone. Vous n’imaginerez JAMAIS de quelle ruse nous avons dû être capable pour tenter de substituer cette indispensable poignée. Nous sommes vraiment navrées d’avoir oublié de photographier cette brillante trouvaille d’ailleurs 😉

Et pourtant, malgré ces désagréments, nous pensons avoir réussi à faire passer notre message et sommes vraiment ravies de l’expérience ! Nous comprenons depuis que le live demande une préparation vraiment millimétrée qui peut se retrouver totalement chamboulée au dernier moment. N’ayant que peu de recul sur l’exercice, nous en retirons tout de même quelques leçons : garder le sourire à tout prix, s’attendre à improviser à tout instant, et rester spontané coûte que coûte, après tout c’est ça le live !

Le bilan

À Montpellier près de 800 personnes étaient au rendez-vous pour 17 événements. Les soirées traduites en langue des signes françaises ont fait carton plein ! Une expérience à renouveler pour l’année prochaine ! La diversité de formats, des plus classiques aux plus interactifs, a été accueillie très positivement du côté du public. L’équipe de bénévoles s’est bien mobilisée encore cette année, une dizaine de personnes est dors et déjà motivée pour refaire partie de l’aventure.

À Toulouse, près de 700 curieux étaient au rendez-vous des 20 évènements proposés. Nous avons pu constater que le public “non scientifique” était plus représenté que l’année précédente, à notre plus grand plaisir. Aussi, les intervenants semblaient davantage impliqués. Beaucoup ont proposé des présentations adaptées au format du festival, s’efforçant d’abandonner le fameux Power Point. Certains ont carrément joué le jeu en proposant de petites expériences, en amenant des outils de travail à faire découvrir ou encore en s’habillant de leur tenue de laboratoire. Tout ceci, nous le pensons, a permis d’encourager grandement les interactions avec le public. Un bilan très positif que nous vous laissons apprécier au travers de cette vidéo.