Les séjours jeunes aéronautique 2024, rétrospective
Cet été encore, Instant Science a proposé deux séjours jeunes aéronautique du 21 au 27 juillet et du 28 au 2 août. Vingt jeunes, de 12 à 17 ans, ont participé à ces vacances riches en sensations et en expériences inoubliables. J’ai eu le plaisir d’en assurer la direction et l’encadrement technique, et ce depuis maintenant plus de 12 ans.
Les séjours jeunes aéronautique, qu’est-ce que cela peut-il bien être ?
Tout d’abord, et c’est certainement le plus important, les séjours jeunes aéronautique sont des vacances, dans un lieu très sympa, le Hameau des Étoiles, situé à quelques kilomètres de Fleurance dans le Gers. Des équipements au top, un environnement extraordinaire et une vue imprenable sur les vallons du Gers et sur la chaine pyrénéenne. Déjà, on a presque l’impression de voler entre le bleu du ciel et le jaune des champs de tournesols !
Mais, ce sont aussi des moments forts entre ces jeunes qui, autour d’une passion commune, vont constituer une équipe solide et tisser des liens. Partage, entraide, solidarité, respect, rigueur… sont des objectifs clairement annoncés dans le projet pédagogique. Ils sont aussi les fondements du monde de l’aviation et des pilotes.
Il faut dire, qu’en général, on n’atterrit quand même pas tout à fait ici par hasard, ou très rarement ! Très souvent, ces jeunes sont des mordus d’aéronautique, pour ne pas dire « tombés dedans quand ils étaient tout petits », des passionnés quoi ! En raison d’histoires entendues à la fin d’un repas, d’un pilote, membre de la famille ou ami, ou encore un film au cinéma, une série TV, la lecture d’un bouquin, ou un voyage en avion… Certains ont, parfois même, déjà obtenu le Brevet d’Initiation à l’Aéronautique (BIA), Diplôme de l’Education Nationale, ou envisagent de le passer ensuite au collège ou au lycée. Ils ou elles veulent devenir pilote, contrôleur aérien, ingénieur ou électricien, ajusteur monteur ou chaudronnier, comme Owen cet été.
Faire naître une étincelle, allumer une mèche c’est aussi l’objectif des séjours jeunes aéronautique
En ayant de vagues idées en arrivant, on repart, en fin de séjour, avec une ambition, une vocation, une vision d’un parcours de formation et toutes les infos nécessaires pour aller au bout de ses rêves. Il ne restera plus qu’à se donner les moyens et à bosser !
D’ailleurs, les nombreuses activités de ces séjours jeunes aéronautique sont en lien direct avec les attendus de la formation BIA et du monde de l’aéronautique :
- L’histoire des sciences et des techniques. Il est toujours incroyable de se souvenir que seulement 60 ans séparent la première traversée de la Manche par Louis Blériot en 1909 des premiers pas de l’Homme sur la Lune en juillet 1969 ;
- Prendre conscience de l’urgence environnementale et des enjeux de l’aviation bas carbone avec de nouveaux profils d’avions, d’ailes, de nouveaux carburants durables ;
- Découvrir les métiers de l’industrie aéronautique et de l’aérien du CAP au BAC +8 ;
- Connaitre les avions du bout de l’hélice à celui de la gouverne de direction ;
- Comprendre comment un engin plus lourd que l’air peut réussir à voler. De nombreuses expériences de physique en dynamique du vol sont proposées avec une soufflerie, profil d’aile, sèche-cheveux, balles… de l’air, de l’eau aussi et même une machine à brouillard. De la physique ludique mais avec quelques formules (sinon ce n’est pas drôle) et surtout de l’expérimentation pour mettre en évidence le phénomène de portance, que souffler peut, parfois, se traduire par une… aspiration. Pas toujours très intuitif la dynamique des fluides 😉;
- Construire un planeur en bristol et en balsa, apprendre à régler ses gouvernes pour obtenir un vol rectiligne ou réaliser des figures imposées ;
- Connaitre les bases de la météorologie et savoir décrypter un METAR (METeorological Airport Report). Savoir aussi lire les cartes de prévisions et de vent… même si la météo qui compte restera toujours celle devant notre nez, juste au bout de l’hélice ! En juillet, en tout début de matinée, nous avons été souvent confrontés à des entrées maritimes non prévues. Et, nous avons été contraints d’attendre que le soleil monte un peu plus haut dans le ciel pour assécher l’atmosphère et nous dégager le relief. Et oui, on ne vole pas au ras de la cime des arbres 😉 ;
- Apprendre à naviguer, lire une carte aéronautique, ne pas se tromper d’échelle ou d’unité (Ici on parle de miles nautiques et de nœuds… et pas de km et de km par heure), calculer la quantité de carburant à emporter… bref du travail de pro !
Mais faut-il rappeler qu’un jeune peut aujourd’hui piloter seul un avion avant même d’obtenir son permis de conduire ? L’aviation est une formidable école de la responsabilité et de la rigueur. La science et les maths, cela peut aussi servir à cela.
Donc des vacances, bien sûr, mais vous l’aurez compris, ces séjours d’été aéronautique permettent l’acquisition d’un socle de connaissances solides indispensables à la sécurité des vols et de tous. Ce sont des connaissances scientifiques, un peu de mathématiques (cool) et de la physique (amusante) mais ce sont aussi de grands moments de franche rigolade.
Des visites au programme des séjours jeunes aéronautique
Évidemment, pendant cette semaine, nous avons aussi visiter le musée aeroscopia et la chaine d’assemblage de l’Airbus A350 à Toulouse avec le traditionnel pique-nique à proximité des pistes.
Tous disposent, en général, des applications « Flight Radar » ou « Radar virtuel » (made in France) sur les smartphones et le récepteur radio calé sur la fréquence Sol ou celle de la tour de contrôle ! Les appareils photos immortalisent, alors, tout ce qui décolle ou atterrit le temps d’avaler les sandwichs ! À l’affût de la moindre information, des échanges entre les pilotes et la tour… c’est génial de pouvoir suivre ces communications et de se surprendre à rêver à de nouveaux horizons.
Un premier vol de découverte inoubliable…
Un souvenir qui en général restera gravé à jamais dans sa mémoire c’est celui de son premier vol !
En effet, pendant ce séjour jeunes aéronautique, les jeunes pilotes vont effectuer un vol de découverte en ULM 3 axes (un véritable petit avion), en double commandes (comme une auto-école) avec Jean-Claude Aynié de la base Altima ULM près de Saint-Clar.
Depuis que nous faisons voler les jeunes avec Jean-Claude les retours sont unanimes : sécurité, gentillesse, passion. Il faut dire aussi que Jean-Claude Aynié détient un palmarès impressionnant. Classé au top 10 des meilleurs pilotes mondiaux, il multiplie les titres de champion. Comme cela a été le cas récemment avec le titre de champion de France ULM 2022 à Auch en équipage avec son fils Victor. Qui a dit génétique ? Leurs épreuves favorites sont la navigation, le décollage court et l’atterrissage de précision. C’est vraiment impressionnant en compétition.
Toutefois, un petit rappel s’impose. Un vol de découverte, ce n’est pas un baptême de l’air. Les jeunes vont piloter leur machine sous l’œil avisé de Jean-Claude qui conserve toujours la main sur les gaz et sur le manche. Mais, quand il lui arrive d’enlever sa main, le temps d’une ligne droite, d’une montée ou d’un virage c’est un sentiment incroyable de se dire que c’est MOI qui pilote, qui effectue un virage, qui aligne l’avion vers la piste pour atterrir. Ces sensations-là resteront gravées à jamais !
…. Et aussi une expérience sur simulateur de vol
Enfin, ce séjour d’été c’est aussi beaucoup de temps passé en mode « training » sur simulateur de vol (avec ou sans réalité virtuelle selon les séquences et les exercices).
Six simulateurs sont disponibles, tous équipés de périphériques de vol indispensables, comme le palonnier, le yoke, les commandes de gaz, le trim, et d’un casque de réalité virtuelle.
Évidemment, le simulateur de vol peut être un jeu, un moment divertissant pour s’envoler loin des soucis quotidiens et survoler le lieu de ses dernières vacances, ou de sa maison.
Mais ici, nous nous efforçons de l’utiliser comme en école de pilotage, avec le maximum de rigueur et en respectant, à la lettre, check liste, plan de vol… Contraignant direz-vous ? Oui peut être mais nous collons toujours, et dans la mesure du possible (ce ne sont que des simulateurs), au plus près de la réalité.
Je trouve extraordinaire de voir ces jeunes progresser, donner du sens à chacun de leurs gestes ou de leurs mots quand ils communiquent par radio jusqu’à réaliser leur premier atterrissage ou leur première navigation. De la visite de contrôle prévol, au retour sur le parking, ils étouffent le moteur, serrent le frein de park et coupent le contact. Le vol est terminé. L’avion prêt à redécoller demain. On fixera la flamme « Remove Before Flight » sur les commandes du simulateur de vol pour symboliser, comme dans la vie réelle, la protection du tube Pitot (indicateur de vitesse).
Des groupes de discussion pour garder le lien et partager des expériences
Toutes ces aventures sont suivies par les parents en temps réel via un groupe de discussion WhatsApp propre à chaque séjour. C’est un lien génial entre l’équipe d’animation et les parents, un outil d’information pour les uns et les autres, pour avoir encore le plaisir d’échanger à l’occasion d’un meeting aérien des semaines plus tard, et pourquoi pas de s’y retrouver.
D’anciens stagiaires, aujourd’hui devenus professionnels, continuent à participer à ses groupes de discussion. Ils y témoignent de leurs expériences, de leurs parcours et de leur travail actuel.
- Tristan, de nombreux stages à son actif, animateur technique sur les séjours jeunes aéronautique, BIA, licence de pilote privé, est, depuis 2 ans, pilote de brousse professionnel au Canada sur hydravion ;
- Baptiste, plusieurs stages réalisés, BIA, pilote planeur, est, depuis 6 mois, pilote d’hélicoptère dans l’armée de Terre.
- Je repense aussi à Arthur en formation pilote de chasse à Salon de Provence.
Ils sont tous la raison d’être de ces séjours !
Rendez-vous en 2025 pour de nouveaux séjours
L’année prochaine, nous proposerons, de nouveau, un séjour d’initiation et un séjour de perfectionnement.
De nombreux scénarios d’aventures commencent à se dessiner pour le séjour perfectionnement 2025 : sécurité civile avec les canadairs, missions humanitaires avec l’A400M, pilote de ligne sur A320 ou pilote de chasse dans l’aéronavale… car il est même possible d’apponter ou d’être catapulté depuis un porte avion.
L’aviation sera toujours bien plus qu’un rêve d’enfant 😉
Alors, à l’année prochaine et bon vol !
Une fois que vous aurez goûté au vol, vous marcherez à jamais les yeux tournés vers le ciel, car c’est là que vous êtes allés, et c’est là que, toujours, vous désirerez ardemment retourner.
Léonard de Vinci
(qui lui n’a jamais volé… alors imaginez un peu 😉)