Le blob, créature d’instruction massive !
Le blob est une créature unique dans le monde du vivant. Il existe sur Terre depuis au moins 500 millions d’années. Mais c’est aussi le compagnon idéal pour une approche ludique des sciences. C’est ainsi qu’à Instant Science, nous en avons fait notre nouveau collègue d’animations scolaires.
Le blob, entre réalité et science-fiction…
« Tiens, si on regardait un film ce soir ?
– Ah oui, pourquoi pas, bonne idée. Qu’est-ce que tu proposes ?
– Je viens de mettre la main sur quelques DVD un peu vintage. Au ciné-club ce soir, je te propose « Danger planétaire », film de 1958 avec Steve McQueen, mêlant horreur et science-fiction. Old is gold parait-il !
– Oh, ça sent le nanar ton histoire. Et ça parle de quoi ?
– Ça parle du blob, un être extraterrestre géant et gluant qui sème la terreur dans une petite ville des États-Unis. Une force destructive et implacable, une menace terrifiante pour l’humanité, capable de dévorer tout sur son passage et de croître exponentiellement en absorbant de la matière. Un classique.
– Mais attends, le blob tu as dit ? Mais c’est pas du tout de la SF, il existe bel et bien !
– Ah non, j’espère pas ! C’est juste une histoire hein…
– Non, d’accord, pas celui du film, pas aussi dangereux. Mais une créature qu’on appelle le blob et qui possède certains points communs avec ton monstre de l’espace. Un être vraiment passionnant, et complètement terrestre… Laissons la fiction, et revenons à la science, la vraie, juste un instant ! » (*)
(*) Les personnages et les situations de ce dialogue étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence.
Connaissez-vous le blob, le vrai ?
Le blob, c’est le petit surnom qu’on donne à Physarum Polycephalum. Une créature énigmatique, qui défie les catégories traditionnelles, et qui est devenue, ces dernières années, une star des médias.
Ni animal, ni végétal, ni champignon, il ressemble à une omelette spongieuse. Malgré son absence de cerveau, il est doté de caractéristiques remarquables : il apprend, mémorise, résout des problèmes, mais est aussi capable de grandir, de se régénérer, et même, de transmettre des informations en fusionnant avec ses congénères. De quoi susciter des questions sur l’intelligence et la cognition. Également dépourvu de bouche, d’yeux et d’estomac, cet organisme unicellulaire parvient, tout de même, à voir et à digérer !
De la Station Spatiale Internationale où il a cohabité avec Thomas Pesquet, aux laboratoires du monde entier, en passant par nos salles de classe, le blob fascine et intrigue.
C’est aussi un formidable moyen de faire de la science dans un cadre éducatif. Et ça, à Instant Science on a testé et approuvé ! C’est ainsi que nous nous sommes lancés dans l’aventure des classes de découvertes et animations scolaires autour du blob. À travers des expériences ludiques, les jeunes aventuriers partent à la découverte de cette créature intrigante. Mais ce n’est pas tout… Étudier le blob devient un terrain de jeu concret pour découvrir la démarche scientifique. Les élèves se posent des questions, imaginent des hypothèses, réalisent des expériences et observent pour essayer de conclure.
Une première rencontre avec le blob… et un coup de foudre !
L’une de nos premières rencontres avec le blob fut en août 2019. Ce jour-là, nous assistions à la conférence « Un génie sans cerveau » d’Audrey Dussutour, au Festival d’Astronomie de Fleurance. Passionnante, vive, pétillante, brillante, amusante… il arriva ce qu’il devait arriver… un coup de foudre… pour le blob ;-).
Depuis, nous avons lu les livres (d’Audrey, pas du blob), regardé quelques documentaires, et ingurgité pas mal d’information à son sujet !
Piqués au vif, nous avons d’abord animé, en 2021, un atelier lors du Festival Astro-Jeunes du Festival d’Astronomie de Fleurance, et par la suite, un autre atelier dans une classe.
Mais nous ne nous sommes pas arrêtés là… Thierry a transformé sa maison en « bloboratoire » pour un programme de sciences participatives sur l’impact de la chaleur sur le développement du blob. Ce fut la mobilisation générale ! Le cellier s’est transformé en chambre noire avec éclairage infrarouge, il y avait des boîtes de pétri partout, des montagnes de vaisselle et des géloses (gel qui favorise le développement et le déplacement du blob) plein le frigo. Heureusement, sa femme et ses filles sont patientes…
Et rassurez-vous, ce nouveau petit compagnon reste bien entendu inoffensif. Lors des fameuses phases de vaisselle (très (très) fréquentes) il a pu arriver que des fragments de blob se retrouvent dans la fosse toutes eaux de la maison avant de s’y développer un temps. Mais il n’est jamais ressorti dans la douche… de la même manière qu’il n’a jamais envahi son compost !
Le blob, un enjeu de recherche
Le blob présente, dans la réalité, des super-pouvoirs qui feraient pâlir de jalousie les super-héros de cinéma.
Le blob peut entrer en phase de dormance (sclérote) pendant plusieurs années si des paramètres viennent à varier (température, sécheresse, nourriture).
Mais il peut sortir de cet état en moins de 12 heures en retrouvant toute la vivacité de sa prime jeunesse s’il est transféré dans un milieu humide.
À l’état de sclérote, le blob est capable de résister à des conditions extrêmes de température de -20°C à 80°C, à des conditions de gravité supérieur à 6 g et aux champs électriques des micro-ondes.
Le blob, avec sa nature étrange et ses capacités intrigantes, est devenu un sujet d’étude pour les chercheurs dans divers domaines scientifiques :
- Biologie et évolution
Le blob, en tant qu’organisme unicellulaire, offre des perspectives sur l’évolution et la diversité de la vie. Les chercheurs étudient son génome, sa reproduction et ses adaptations. Et autant vous dire qu’avec 720 sexes différents sa reproduction est grandement facilitée !
De nombreuses études ont mis en avant les comportements « intelligents » du blob, tel que la constitution de réseaux optimisés, l’anticipation des événements, ou encore réussir à sortir d’un labyrinthe, mais aussi, à résoudre des défis nutritionnels. Le blob peut naviguer en évitant des pièges, adapter sa taille à son environnement et apprendre par habituation.
Et grâce à son développement méthodique, il économise temps et énergie. Un champion du développement durable ! Et si maintenant mon imprimante 3D imitait le développement du blob pour fabriquer autrement ? Construction additive et biomimétisme… demain : c’est déjà aujourd’hui !
- Biotechnologie et médecine
Le blob possède des propriétés régénératives uniques. Coupé en deux, il cicatrise vitesse grand V et donne deux individus autonomes au meilleur de leur forme ! Les chercheurs explorent ses mécanismes de régénération pour des applications médicales, par exemple, sur la cicatrisation des tissus.
Ses capacités à fusionner avec d’autres blobs pour former un superorganisme intriguent les scientifiques. Peut-on appliquer ces principes à la régénération de tissus humains ?
- Écologie et environnement
Le blob est un modèle pour étudier les interactions entre les organismes et leur environnement. Comment réagit-il aux variations de température, d’humidité et de lumière ?
Son rôle dans les écosystèmes (décomposition, recyclage des nutriments) est également étudié, notamment dans la dépollution des sols contaminés par des métaux lourds.
- Physiologie et biophysique
La circulation du protoplasme, substance qui véhicule les nutriments, dans le réseau veineux du blob est un sujet de recherche en biophysique. Comment ce réseau de tubes transporte-t-il les nutriments ?
Les propriétés mécaniques de sa membrane et de son cytoplasme, contenu de la cellule, sont également étudiées.
Le blob, un enjeu éducatif
Le blob permet, avant tout, de travailler des compétences en sciences, en technologie et en sciences de la vie et de la Terre.
Mais par-dessus tout, la simplicité apparente de cet organisme et de sa manipulation, en font un sujet d’étude facilement accessible à un public « amateur ».
Au collège ou au lycée, l’étude du blob permet de mettre en pratique bon nombre de points issus des programmes pédagogiques. En fonction du cycle scolaire, nous déterminons si nous pouvons aller plus loin et fixons des objectifs plus ambitieux.
Et le blob, avec son surnom tout droit sorti d’un film de science-fiction, devient ainsi une créature au service de l’éducation scientifique.
Mais par quels procédés s’opèrent cette métamorphose ?
- Interdisciplinarité & compétences transversales
Étudier le blob permet d’aborder des concepts de biologie, chimie, physique et mathématiques. Les élèves développent ainsi une vision globale des sciences.
- Méthode scientifique
Les expériences avec le blob encouragent la démarche scientifique : observation, questionnement, hypothèses, expérimentation et analyse des résultats.
- Curiosité et émerveillement
Le blob suscite la curiosité et l’émerveillement chez les élèves. Ils apprennent en s’amusant.
Le blob est un exemple fascinant d’organisme vivant. Son unicité et ses particularités enrichissent la compréhension des organismes vivants chez les élèves.
Notre programme pédagogique « Instant blob »
Physarum polycephalum nous offre ainsi un terrain de jeu aussi vaste que varié !
C’est au regard de nos expériences et de nos réflexions communes que nous avons commencé à réfléchir sur un programme pédagogique pour les jeunes. Constitué de différentes activités, autant théoriques que pratiques, nous avons ainsi pu monter, de toute pièce, une classe de découvertes passionnante, rythmée par de nombreuses expériences scientifiques.
Cette aventure commence avec un module « starting blob » qui permet une présentation des caractéristiques du blob Ava (souche australienne), de mettre en place les conditions de son réveil et d’expliquer quels seront les soins à prodiguer : faire une gélose, comment la remplacer, gérer l’apport de nourriture, diviser le blob et le rendormir.
Cette introduction amène la mise en place des premières expériences. Par exemple, grâce à des observations au microscope numérique, les élèves découvriront quelques-unes des nombreuses capacités du blob. De là, nos jeunes scientifiques pourront réaliser sa carte d’identité, ou encore, apprendront à bien nourrir leur blob !
Ils pourront également s’amuser à changer la couleur de leur blob, ou jouer aux apprentis chirurgiens en coupant leur petit compagnon en deux parties pour obtenir… deux blobs en parfaite santé ! Mais que va-t-il se passer s’ils se retrouvent tous les deux côte à côte ?
NB : la coupure d’un blob ne causent aucune douleur 😉. Pour rappel, il s’agit d’un organisme unicellulaire dépourvu d’un système nerveux.
Avec le blob, il faut aussi savoir faire preuve de patience… Certaines expériences nécessitent des observations sur des durées plus conséquentes, de plus de 24h.
C’est notamment le cas de l’expérience de la cafétéria. Un classique qui permet de cerner les préférences du blob face à un éventail d’aliments. Fruit, légume, œuf, croquettes animales, sucre. Quel sera son choix de prédilection ?
Sans expérience, la démarche scientifique perdrait tout de son intérêt pour les jeunes… Heureusement, Physarum polycephalum permet une mise en pratique simple et efficace de la démarche expérimentale conduisant à des résultats vraiment significatifs sur des durées raisonnables.
Plus qu’un blob, une cellule couleur d’or, qui recèle mille trésors !
On peut dire que c’est une aubaine extraordinaire de pouvoir observer aussi simplement une cellule à l’œil nu et son évolution. D’une souche à l’autre, les blobs exploreront leur territoire de manière différente et manifesteront même quelques traits de caractère distincts. Oui, oui.. le blob a aussi son petit caractère !
Pour nous, médiateurs scientifiques, c’est une chance de pouvoir réaliser ainsi de telles expériences qui permettent aux élèves de définir, avec rigueur, autant de caractéristiques et de comportements. De pouvoir former ces jeunes esprits à la démarche scientifique, à l’esprit critique, et de leur donner soif de connaissances.
C’est aussi pour eux, l’occasion idéale de découvrir le métier de chercheur dans bien des domaines.
Ce regard porté vers cette créature unicellulaire est un appel à l’humilité et à la curiosité. C’est aussi un rappel, qui ne doit pas nous laisser indifférent, à notre place sur la planète Terre et sur ce que nous en faisons.
Nous vous souhaitons de « blobesques » aventures aussi belles que passionnantes en compagnie d’Ava, de Charly, Lu352, Rosa Roseum, Luna Didymium, Wonka, Day walker ou Badhamia ! Oui… depuis nos premières expérimentations la famille blob s’est bien agrandie !
Et, en bonus, si les vieux nanars vous laissent de marbre, on vous conseille d’aller voir ces quelques vidéos :