Animation "Jouer à débattre" sur les technologies du futur suivie de l'intervention d'une scientifique
« L’Affaire des implants oculaires », ou comment jouer à débattre avec des jeunes
Animation "Jouer à débattre" sur les technologies du futur suivie de l'intervention d'une scientifique
Après la journée de formation organisée avec l’Arbre des connaissances sur leur outil de médiation “Jouer à débattre”, nous avons tenté l’expérience à l’occasion de la Fête de la Science 2017. Le but ? Éveiller l’esprit critique des jeunes sur la question de l’humain augmenté en organisant un jeu de rôle sous la forme d’un procès.
L’enjeu est de taille, tout comme l’effectif. Nous accueillerons deux classes de seconde, soit 37 élèves dont 3 filles seulement. Une ambiance d’équipe de foot avec ces jeunes en sport-étude au lycée Déodac de Séverac.
Les équipes se forment
Par chance, les enseignants sont très partants et coopératifs et prévoient deux séances dédiées à la préparation du débat argumenté. Étant donné les conditions dignes d’un TV show : enregistrement, journalistes de la Dépêche, présence de public, du rectorat, le tout dans un lieu inconnu, nous avons jugé préférable que les élèves soient informés du jeu de rôle dès le début. Ils ont donc préparé leurs plaidoiries avant le jour J dans l’optique de les mettre en confiance.
Les avocats organisent leurs arguments selon une mindmap et rédigent leurs discours.
Un procès tant attendu
Enfin le jour J. Après une visite au Quai des Savoirs, de l’exposition Gestes parlants et un atelier DIY, le tout sous l’angle « gestes augmentés », nous les embarquons vers les locaux de La Dépêche.
Quels sont les avantages du jeu de rôle ?
Nous sommes en droit de nous poser la question. Pourquoi ne pas rester dans un débat classique et parler sérieusement d’un sujet sérieux. La fiction ne risque-t-elle pas de prendre le pas sur le fond du propos ?
Opter pour un scénario animé confère plusieurs avantages, mais ne doit être qu’une étape dans la globalité d’un projet de débat. C’est un outil, une excuse invitant à se questionner sur un sujet qui pourrait ne pas nous intéresser. Le vrai débat se situe a posteriori.
Le jeu de rôle permet d’explorer les points de vue, par exemple en se mettant à la place d’un autre. C’est un moyen de déconstruire son avis. Défendre une opinion qu’on n’aurait pas choisie de prime abord révèle les ambivalences d’un sujet polémique. C’est aussi l’occasion de prendre d’abord un positionnement à partir duquel on pourra se forger sa propre opinion.
Le procès induit aussi une forme de compétition qui peut favoriser la motivation des participants pour gagner. Le but est de maîtriser un maximum le sujet pour anticiper les contre-attaques. Jouer est avant tout un divertissement qui sort du cadre scolaire, c’est une expérience nouvelle accueillie avec enthousiasme.
Si c’était à refaire ? (et cela arrivera)
Une chose est certaine : les élèves ont adoré, et nous aussi ! Un questionnaire leur a été soumis suite au débat, révélant leur envie de recommencer. Par ailleurs, passé les plaidoiries, l’étape de questions-réponses a révélé leurs véritables questionnements et leur capacité à argumenter.
Je ne suis pas convaincue par l’intérêt de préparer la plaidoirie en amont. Le jeu de rôle a sans doute été moins spontané. Sinon, je suggérerai de travailler davantage à l’oral qu’a l’écrit (les élèves lisaient leurs notes).
Selon moi, la préparation des plaidoiries ne devrait pas non plus se faire en totale autonomie. 30 min de préparation guidée vaut plus que 2h d’autonomie. Les élèves gagneraient à être guidés par un animateur dans la construction de leur argumentaire. À l’aide d’une mind map par exemple, en répartissant les rôles (témoins, avocats…), en remarquant les incohérences ou en se faisant “avocat du diable”. Nous pourrions aussi leur faire travailler leur réparti, en les soumettant à un « crash-test » avec un maximum de questions-pièges.
Lors de l’expression orale, il n’est pas évident pour tous de s’emparer de son rôle, entre les moqueries des uns ou le stress qui fait oublier le propos. Peut-être qu’intégrer un souffleur à l’équipe serait pertinent ?
Autre point à corriger : les conditions du débat. Des élèves très nombreux, une journée extrêmement chargée, un lieu d’accueil non familier et des adultes inconnus dans le public… Faut bien dire qu’on ne s’est pas facilité les choses.
Enfin, j’ai trouvé l’intervention des experts tout à fait essentielle. C’est une manière évidente de boucler le projet en reconnectant avec des cas concrets réels.
Maintenant, il n’y a plus qu’à ! Car cette opération n’était que le début… Prochaine étape : l’organisation d’un débat avec des jeunes sur le thème des énergies. Mais ceci est une autre histoire…
Encore un grand merci à l’académie de Toulouse, à La Dépêche du Midi et aux chercheurs invités pour leur participation à ce projet !