J’ai testé… Animer un atelier sur l’ADN pour des scolaires
Pour enrichir l’exposition et les ateliers de notre exposition « Sommes-nous tous de la même famille ? », Romain a eu la chance de pouvoir suivre une formation à l’Ecole de l’ADN de Nîmes sur la phylogénie moléculaire. À peine rentré, c’est auprès de jeunes collégiens qu’il se lance dans l’animation de ce nouvel atelier. Il nous raconte cette première expérience !
“Humain et Chimpanzé sont des cousins !” Cette conclusion, ce n’est pas moi qui la prononce, mais l’un des élèves ayant assisté à l’atelier de phylogénie moléculaire, et qui répond fièrement à ma dernière question quant aux liens de parenté entre ces deux espèces. Cet atelier a été développé par l’Ecole de l’ADN de Nîmes, partenaire de Science Animation. Au cours de celui-ci, par comparaison de séquences d’ADN de primates, les élèves abordent les notions d’évolution et de phylogénie et reconstruisent l’arbre phylogénétique des grands singes.
J’ai eu l’opportunité de rendre visite à l’École de l’ADN en décembre, avant les vacances de Noël, afin d’être formé à cette animation. De retour à Toulouse, j’ai pu finaliser ma formation par une mise en situation au collège des Ponts-Jumeaux, auprès d’une classe d’élèves de troisième. Celle-ci avait accueilli l’exposition « Sommes-nous tous de la même famille ? », traitant de la même thématique, en février dernier. C’est donc accompagné de Stéphane Theulier Saint-Germain, animateur à l’École de l’ADN, et armé de la valise pédagogique remplie de matériel de laboratoire, que je me dirige vers ma toute première animation de cet atelier.
Après avoir observé une séance avec le premier demi-groupe, c’est moi qui prends les rênes pour le second. Je revois les bases en interrogeant les élèves sur les fondamentaux de la molécule d’ADN. L’ayant déjà abordé en classe, ils connaissent l’essentiel et s’y retrouvent. J’aborde ensuite les notions d’évolution et de phylogénie en leur présentant des arbres phylogénétiques, certains datant de plusieurs années. Je n’ai pas besoin d’insister : d’eux-mêmes, les élèves sont surpris de la place réservée à l’Homme dans certains de ces arbres construits à une époque où celui-ci était considéré comme un résultat fini de l’évolution.
Le terrain est alors propice pour lancer l’objectif de l’atelier : parmi quatre espèces de primates, soit le Chimpanzé, l’Homme, le Gorille et l’Orang-outan, déterminer lesquels sont les plus proches. Chacun propose son hypothèse, appuie ou réfute celle de son camarade, mais je les rassure : ils trouveront d’eux-mêmes la bonne réponse, par l’expérience qui va suivre. En apprenant qu’ils vont pouvoir manipuler eux-mêmes le matériel posé devant eux, je ne les tiens plus, ils trépignent d’impatience.
Place à l’expérimentation
Pour commencer, je les initie donc tout d’abord à l’utilisation des micropipettes dont ils auront à se servir, avant de leur présenter le principe de l’expérience et le protocole à suivre. Chaque binôme reçoit ensuite les échantillons d’ADN de deux espèces différentes parmi les quatre à étudier, ainsi que les réactifs à utiliser. Ils ajoutent eux-mêmes les volumes de réactifs nécessaires, et après un rapide coup de centrifugeuse (« Déjà fini ? »), ils associent chacun de leurs échantillons pour une migration par électrophorèse. Je les rassemble autour de moi pour observer la migration.
À peine celle-ci terminée, certains sont déjà capables de conclure : l’Homme et le Chimpanzé ont des profils quasi identiques, ils sont donc les plus proches ! Viennent ensuite le Gorille, puis l’Orang-outan. Ils me proposent alors unanimement un nouvel arbre phylogénétique, synthétisant ces interprétations. Je conclus l’atelier en les faisant deviner le pourcentage de gènes communs que nous partageons avec le Chimpanzé, et pose ma question véridique « Peut-on toujours dire que l’Homme descend du singe ? ». La réponse ne se fait pas attendre : « Non, ils sont cousins ! ». C’est une victoire, ils ont tout compris…
Je recueille quelques avis avant de quitter les élèves. Ils sont ravis. Les occasions de manipuler sont plutôt faibles au collège. Certains n’ont même pas encore touché de microscope. Utiliser du véritable matériel de laboratoire était une première pour la très grande majorité d’entre eux. Certains déclarent même vouloir en acheter pour un usage personnel ! De quoi peut-être susciter des vocations…
Après désinstallation et rangement du matériel, je planifie déjà avec l’enseignante une prochaine animation. Je suis, après tout, encore en formation, et une nouvelle mise en situation pour maîtriser complètement l’atelier ne serait pas de refus. Une autre intervention auprès de seconde classe de 3e est donc à prévoir.
Une fois maîtrisé, cet atelier servira de complément à l’exposition « Sommes-nous tous de la même famille ? ». Le projet consistera à faire s’interroger des jeunes sur les notions de discriminations et de stéréotypes en travaillant, notamment, sur la question de nos origines. Après avoir assisté à l’exposition, un élève pourra ensuite mettre en pratique certains des contenus théoriques abordés dans celle-ci, en participant à l’atelier de phylogénie moléculaire.
Affaire à suivre…
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