De nouveaux défis au Plateau Créatif
Depuis 2019 nous participons à l’animation du Plateau Créatif du Quai des Savoirs, lieu dédié au DIY. Lucas vous partage ses récentes expériences et les tous derniers défis lancés au public.
Le Plateau Créatif a ouvert ses portes au Quai des Savoirs depuis septembre 2019. J’ai depuis peu intégré l’équipe chargée de la conception des ateliers que nous y proposons.
Au Plateau Créatif, nous mettons toute notre énergie dans le développement de l’apprentissage “par le faire”. C’est à dire que les ateliers que nous proposons sont forcément participatifs et que nous laissons une grande place à l’expérimentation et l’exploration. Le rôle du médiateur sera de guider, d’orienter un peu la réflexion mais jamais de prendre la place du visiteur en train de manipuler.
Pour donner vie à nos projets, une équipe constituée de trois structures co-gèrent et co-animent le lieu : le Quai des Savoirs, Planète Science Occitanie et Science Animation. Cette cogestion du lieu permet de mélanger nos compétences et de questionner nos habitudes régulièrement.
Quand DIY et Amour se rencontrent
Le Plateau Créatif compte déjà 6 défis à son actif :
- Labyrinthe laser
- Gribouille
- Equilibriste
- Serrure 3D
- Enroul’ibre
- Cookie Maker
Sur les trois nouveaux défis proposés en 2021, j’ai participé à l’élaboration de deux d’entre eux. Le premier défi, consiste à créer une carte postale unique en la décorant grâce à une machine découpant des autocollants : la découpe vinyle. Parmi les machines à commande numérique dont nous disposons au Plateau Créatif, aucun défi ni atelier ne permettait son utilisation. Cela nous a donc semblé impératif de l’inclure dans nos activités, et d’éviter que cette machine ne reste seule dans son coin. Et puisque c’est une machine à commande numérique, elle oblige aussi à utiliser un ordinateur pour la phase de conception de l’objet, apportant un aspect numérique et créatif.
Le second défi utilise les cartes électroniques Makey Makey afin de transformer n’importe quel matériau conducteur en clavier d’ordinateur. Ensuite, par le biais du logiciel de programmation Scratch, ce clavier est codé pour devenir un instrument de musique. Ce défi aborde plusieurs notions clés de l’esprit des FabLabs retranscrit dans le plateau créatif : électronique, programmation et fabrication d’un objet unique. Puis avec la possibilité de faire de la musique, ce défi est lui aussi (ré)créatif.
Coller à l’exposition
Lors de la conception de ces défis, une réelle volonté de se rapprocher de la programmation actuelle de l’exposition du Quai des Savoirs s’est fait ressentir. L’exposition « de l’Amour », étant présente depuis le 15 décembre dans la grande salle d’exposition. Le Plateau Créatif se devait de créer un lien entre ces deux espaces. À travers le défi de la découpe vinyle, les participants ont le choix parmi de nombreux motifs qui évoquent l’amour, qu’ils peuvent modifier et réorganiser à volonté sur leur carte postale. Quant au défi utilisant les cartes Makey Makey, la création d’une aubade est plus qu’encouragée !
Être complémentaire avec les autres défis
Lorsque nous concevons de nouveaux défis, nous ne partons pas de zéro. Le travail initial de réflexion autour du format a déjà été réalisé pour le lancement des tout premiers défis. Ils forment donc une base solide d’inspiration et de références sur lesquelles s’appuyer. Si les fiches tutos ont été choisies comme outil principal de médiation, c’est qu’elles accordent de l’autonomie aux participants tout en leur laissant la possibilité de faire des erreurs. Ainsi le médiateur peut aller de participant en participant simplement pour donner des conseils ou apporter des connaissances théorique supplémentaires. Mais le vrai travail d’apprentissage vient d’une démarche endogène à la personne qui relève le défi. Les défis poussent celles et ceux qui les réalisent à s’entraider et à travailler en coopération pour en venir à bout. Ce format ayant fait ses preuves, il est conservé pour l’imagination des nouveaux défis. En plus de cela, les expériences passées donnent de précieux indices sur des erreurs que nous aurions pu commettre.
Évoluer par itération
Se baser sur les essais précédents pour s’améliorer est exactement le type de fonctionnement que nous mettons en place dans la conception d’ateliers. Que ce soit pour les défis du week-end ou non, il est indispensable de passer par des phases de tests et de modification de l’idée originale.
Pour créer un défi du week-end, plusieurs étapes sont nécessaires. La première étant sans doute la plus difficile : trouver une idée, un concept à transformer en défi. Pour aider dans cette démarche, nous effectuons une veille des projets proposés par d’autres structures, des tendances de la communauté FabLab, de l’actualité scientifique et numérique… Une fois l’idée trouvée, il faut la tester soi-même. Comment fonctionnent les outils que nous allons utiliser ? Quelles sont leurs possibilités ? Quels principes scientifiques mettent-ils en œuvre ? Et combien de temps demande le défi pour être terminé ?
Les participants ont 1h30 pour réaliser un maximum de 3 défis. Ce n’est donc pas possible d’avoir un défi qui prendrait 1h-1h15 à terminer. Les niveaux des visiteurs sont extrêmement variables. Pour se faire une idée du temps qu’un défi prend à finir, réaliser des tests avec le plus de profils différents reste la meilleure solution.
Tutoriel par étapes
Vient ensuite la création de la fiche tuto associée au défi. En réalisant soi-même le défi, il faut déconstruire chaque étape et l’expliquer de manière concise et claire, tout en apportant des indications sur « pourquoi il faut faire ça à ce moment-là ». Le maximum d’étapes que je me fixe pour la réalisation d’un défi est de dix, et il ne faut pas dépasser deux pages pour éviter de décourager les participants. Des éléments qui nous semblent être des détails passent souvent inaperçus au premier jet de la conception. Par exemple, j’ai complètement oublié de spécifier qu’il fallait brancher la carte Makey Makey à l’ordinateur dans les premières versions de la fiche tuto ! Les deux nouveaux défis nécessitent des outils et des logiciels dont j’ai l’habitude de me servir, mais ce n’est pas forcément le cas des participants. Il faut donc juger le niveau de difficulté pour des novices et fournir des explications adaptées. Et en même temps, ceux qui connaissent déjà les outils ne doivent pas s’ennuyer. Les défis que nous concevons sont donc souvent des détournements de l’utilisation habituelle des logiciels ou objets, et demandent une bonne part de créativité (côté conception et côté résolution).
Tester avec les publics
Dès que le défi est prêt, il est utilisé en situation réelle avec le public du week-end. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne subira plus aucune modification ! Les retours du public et des médiateurs et médiatrices qui le portent sont essentiels à son évolution. Je considère tous mes ateliers comme des travaux en cours qui peuvent être modifiés et améliorés en permanence. Et chaque médiateurs et médiatrices ayant une manière de fonctionner différente, ils et elles donnent vie aux défis différemment.
Lorsque l’on évolue dans la médiation, il est – à mon avis – dangereux de travailler seul dans son coin. On bénéficie trop de l’aide des collègues et de notre entourage pour s’en passer. Surtout que sans retour constant sur notre création, elle ne peut pas fonctionner le jour J. Les tests sont là pour ça : se rendre compte de ce qui marche, et surtout de ce qui ne marche pas pour réussir la prochaine fois ! Il faut aussi se rappeler que n’importe qui est capable de monter un atelier, tant qu’il est intéressé par ce qu’il ou elle propose.
Médiation en ligne et hors les murs en temps de Covid
Vous n’êtes pas sans l’ignorer, la situation sanitaire force les structures d’accueil du public à s’adapter semaine après semaine. Il a fallut garder un lien avec les visiteurs et continuer de faire vivre le Plateau Créatif en dehors du lieu du Quai des Savoirs. La médiation par le numérique est un moyen qui nous a semblé sur mesure.
C’est pourquoi depuis septembre nous réalisons une vidéo par mois mettant en scène un défi à réaliser chez soi. A chaque vidéo, nous fabriquons un objet et nous évoquons un aspect technique qui lui est propre. Par exemple, les pigments et la sérigraphie, la lumière et le sténopé, les prothèses et la main articulée. Ce court format est amené à évoluer avec notre expérience, mais pour l’instant restez connecté pour nous retrouver tous les mois !
Toutefois, l’aspect numérique ne suffit pas à combler les médiateurs du Plateau Créatif. Le public scolaire reste primordial dans notre pratique et dans l’esprit pédagogique du Plateau Créatif. Si les écoles ne peuvent plus venir nous voir, et bien nous irons à leur rencontre. Nous développons donc actuellement une offre adaptée de nos ateliers en “Hors Les Murs”. Les ateliers ne peuvent pas toutefois s’exporter tel quel. En effet, nous utilisons les particularités du Plateau Créatif pour les mener à bien : outils, adaptabilité, matériel numérique, etc. Un vrai travail d’ajustement est donc nécessaire. Cela permet de prendre en compte le transport du matériel et les conditions d’accueil dans les établissements scolaires.
Et même lorsque la situation nous permettra d’accueillir à nouveau du public, ces nouveaux format de médiation risque de perdurer !
Nous sommes tous impatients de pouvoir vous accueillir sur le Plateau Créatif et de – enfin ! – voir ces nouveaux défis en action ! Ce seront nos premiers défis qui nécessitent de la programmation, de l’électronique, de la musique, des autocollants et de l’électricité. Et le défi conçu par Planète Science Occitanie reste un secret…