Dans la peau de vidéastes pour partager nos coups de coeur
En juillet dernier, Morgane nous faisait un premier bilan de ses expérimentations pour le développement d’un Médialab culturel. Un an de tests, de galères, de réussites, aboutissant à de précieux conseils pour s’approprier différents formats vidéos. À mon arrivée, j’ai eu pour mission de développer un format bien précis : la vidéo en mode “Youtubeur solo”, inspiré de la chaîne “Booktube à Essai” d’Echosciences Grenoble, et imaginé par la Casemate.
C’est une série de vidéos présentant des livres à caractères scientifiques. Le principe est simple : un.e volontaire présente, pendant 3 à 5 minutes, un livre qu’il.elle a lu et qu’il.elle a envie de partager avec le grand public. L’objectif ? Faire connaître des livres qui parlent de sciences et donner l’opportunité à des volontaires de s’exercer à l’art subtil de la vidéo Youtube. Sollicités par la Casemate, nous nous lançons alors dans l’aventure pour Echosciences Occitanie.
Si vous souhaitez découvrir la première vidéo qui lancera le projet, rendez-vous mi-février sur la chaîne Youtube et sur les réseaux sociaux. En attendant, voici un premier retour d’expérience et quelques conseils que j’ai pu relever pendant ce projet.
L’adaptation d’un projet existant
Ma mission a été de m’approprier ce concept, tout en le faisant évoluer. Dans quel sens ? Et bien il a été décidé d’ouvrir le format à tous les médias ou supports qui peuvent avoir un contenu scientifique pour ne pas se cantonner uniquement aux livres. Vous y trouverez donc des recommandations de spectacles, d’émissions, de chaines Youtube, de podcasts, de magazines et bien d’autres. C’est d’ailleurs avec la présentation d’un spectacle que j’ai décidé d’ouvrir le bal, mais ça, j’y reviendrai plus tard !
Le titre
En élargissant le concept, il nous a fallu élargir le titre qui devenait trop réducteur. Afin de garder l’esprit du titre originel donné par la Casemate (qui est d’ailleurs un super jeu de mots !), nous avons décidé de simplifier le nom et d’appeler la chaîne “Tube à Essai”. Certes, c’est moins fun, mais au moins, tout concorde !
La forme
Nous avons constaté que le public aimait les vidéos courtes, dans lesquelles les informations s’enchaînent de manière dynamique. Nous avons donc décidé de partir sur des vidéos de 2’30” – 3’00” max, avec une structuration prédéfinie, de manière à ce que le format soit le même pour tous. Me voilà donc parti, café en main, écouteurs, lunettes, faire de la veille sur Youtube pour réussir à choper des petits trucs et astuces qu’utilisent les Youtubeurs pour rendre leurs vidéos vivantes.
Les premiers (crash)tests
Après quelques heures passées à regarder des vidéos (bon j’avoue ce n’était pas la partie la moins agréable du projet :D), et des dizaines de chaînes Youtube parcourues, j’ai pu proposer quelque chose au reste de l’équipe, et commencé les premiers tests avec l’aide d’Anaïs.
Aujourd’hui, @AnaisMoressa et @enzo_blondeau testent un format vidéo inspiré des #BooktubeAEssai de @LaCasemate (déclinaison plus large que des livres). On a hâte de voir le résultat ! #MediaLab pic.twitter.com/Wnm1kypFNu
— Science Animation (@ScienceAnim) 4 octobre 2018
Et c’est à ce moment-là que nous nous sommes rendu compte de certaines limites. Au fur et à mesure des tournages, nous avons repéré des choses à améliorer, à modifier, à remplacer… afin de rendre la vidéo de plus en plus vivante. Nous avons donc fait 3 vidéos tests, 3 versions différentes, afin de voir ce qui pourrait être le plus intéressant ! Oui parfois entre ce qu’on imagine et le rendu… il peut y avoir une marche, ou un fossé ! Bref, il m’aura fallu trois tests pour passer de quelque chose de basique, à quelque chose de vivant et dynamique. Et grâce à mes collègues perfectionnistes, rien n’a été oublié ! Musique d’ambiance, décors en arrière-plan, séquence bêtisier… Toutes les conditions devraient être réunies pour vous donner envie de découvrir les sciences à travers différents médias.
Quelques conseils pratiques pour se lancer face à la caméra
Quand on n’a jamais eu l’occasion de se retrouver seul face à une caméra, les premiers pas peuvent être un peu difficiles. Le tout c’est de se lancer, d’essayer, de recommencer… Mais ça ne fait pas tout bien sûr. Voici donc quelques conseils personnels acquis au fur et à mesure des tests.
Comment se tenir face à une caméra
1) Être soi-même ! Rien n’est plus désagréable que de regarder une personne qui tente de jouer un rôle face à une caméra. Être soi-même est le plus beau rôle que l’on puisse jouer. Si on est faux, le public le ressent tout de suite et en général, passe à la vidéo suivante.
2) Ne pas écrire et réciter son texte. Ce peut être un exercice compliqué pour certains et certaines d’entre vous, mais le rendu n’en sera que meilleur. N’écrivez pas votre texte à l’avance. Ayez juste en tête les grandes idées et laissez venir les mots au moment du tournage. Ce n’est pas en direct, on peut donc se planter et recommencer ! 🙂 Mais si réellement vous vous sentez plus à l’aise avec un texte préparé (moins de bafouilles, de répétitions de mots, etc.), il faudra énormément vous entrainer pour réciter votre texte de manière la plus naturelle possible.
3) Ne pas être moralisateur. Pour une vidéo tout public, il ne faut pas se mettre dans la peau d’un donneur de leçon. Essayez de garder un discours neutre, ou de passer vos messages de manière positive, en prenant des exemples joyeux plutôt que dramatiques. C’est toujours plus apprécié du public.
4) Oublier la caméra. Oui c’est plus facile à dire qu’à faire… mais c’est faisable. Comment ? Il y a à mes yeux, 2 astuces. Premièrement, ne pas tourner seul. En étant accompagné de quelqu’un qui est de l’autre côté de la caméra, on peut tourner à la manière d’une discussion. Allumez la caméra, faites comme si vous étiez tous les deux autour d’une bonne tasse de thé, discutez en gardant le fil conducteur de la vidéo, et le tour est joué. Vous êtes naturels, à l’aise et la caméra a disparu… comme par magie !
Et si vous êtes seul, essayez de considérer la caméra comme une personne. Oui ça peut paraître un peu bizarre, mais pour l’avoir expérimenté, ça fonctionne plutôt bien. Regardez-la dans les yeux lorsque vous lui parlez (enfin dans l’objectif) et faites votre discours comme si vous discutiez avec elle (bon, théoriquement, elle ne vous répondra pas !). C’est moins agréable que d’être accompagné mais ça fonctionne quand même.
5) Tester différentes choses. Pour être à l’aise face à la caméra, rien de mieux que de faire des essais de texte, de posture, de ton, d’effets visuels qui prendront forme au montage… Certes ça donne des rushs qui sont relativement longs à la fin du tournage, et ça augmente le temps de montage, mais ça laisse plus de possibilités et d’ouverture au rendu final.
6) Dédramatiser. Oui, de nombreuses personnes vont vous voir derrière leur écran. Mais si elles regardent votre vidéo, c’est que ce que vous dites est intéressant. Vous ne serez donc jamais ridicule, alors n’ayez pas peur !
NB : La vidéo Youtube et la “vraie vie” sont deux mondes différents. Certaines choses qui pourraient paraître bizarres ou vous rendre ridicule dans la vraie vie peuvent donner un super effet sur une vidéo. Alors si vous êtes de ce genre, osez les petits coups de folie 🙂
7) Se faire plaisir. Ça aurait d’ailleurs pu être mon conseil N°1 ! Faites-vous plaisir, c’est le plus important. L’écriture et le tournage ne doivent pas être une épreuve pour vous, et votre enthousiasme, qu’il soit positif ou négatif, se ressentira dans le rendu final.
Logistique du tournage
8) Utiliser un smartphone. Il est certain que rien ne vaut du matériel de pro pour un excellent rendu. Mais quand on débute, comme dit Orelsan “Si tu veux faire des films, t’as juste besoin d’un truc qui filme”. Pas besoin de matériel de pro ! En effet, les smartphones actuels ont de très bons rendus vidéos, du moins suffisants pour débuter sur Youtube. Ils ont également un micro de bonne qualité, à partir du moment où le tournage ne se fait pas dans un lieu qui résonne. Votre smartphone, votre canapé et votre bonne humeur sont donc amplement suffisants !
9) Bien gérer la position du matériel. Il est nécessaire de faire attention à ne pas gêner l’entrée son du téléphone pour ne pas se retrouver à la fin du tournage avec 30 minutes de rush muet, et devoir tout recommencer. De même, pour la vidéo, essayez de stabiliser la luminosité et la netteté pour éviter qu’elle change pendant le tournage, créant des moments de flou dignes d’une chaîne cryptée.
Tuto pratique : un trépied pour le smartphone. Pour tous celles et ceux qui n’en ont pas, pas besoin d’en acheter. J’ai, dans un moment de détresse personnelle, trouvé une petite astuce que je vous partage. Vous pouvez fabriquer votre trépied avec un rouleau de papier hygiénique vide. Faites deux petites entailles sur un côté du rouleau, glissez-y votre téléphone et le tour est joué !
10) Une lumière stable. Pour la lumière, plusieurs solutions sont possibles. Si vous avez de la lumière naturelle directe et qu’il fait beau, profitez-en, c’est suffisant ! Par contre, attention aux variations si des nuages s’invitent sur votre tournage. Si vous n’avez pas de lumière directe, une lumière artificielle assez puissante fera l’affaire. Veillez juste à ce qu’elle ne soit pas derrière vous.
Ça y est, vous avez tout ce qu’il vous faut pour démarrer un tournage. Mais ça ne fait pas tout. Il faut aussi un univers, une ambiance une dynamique… Bref, un contenu accrocheur. Tout ceci sera en grande partie apporté grâce au montage, mais il faut commencer à y réfléchir pour le tournage. Voici donc quelques conseils pour pimenter le rythme de votre vidéo.
11) Des plans courts et des incrustations. Comme je le disais au début de l’article, pour dynamiser une vidéo, il faut privilégier des plans rapides et des informations qui s’enchaînent très vite. Pour ça, vous pouvez essayer de varier les prises de vues dans des positions différentes, ou trouver des manières originales de présenter le contenu (par exemple, résumer quelque chose en 3 mots). Vous pouvez également agrémenter votre montage d’incrustations d’images et/ou de gifs qui apparaissent et disparaissent pendant que vous parlez.
12) Des passages “coulisses”. Pour donner le ton de la vidéo, il peut être bien d’ajouter 1 ou 2 passages “coulisses” ou “bêtisier” qui montrent l’ambiance de tournage et qui donneront aussi le sourire au spectateur. Oui, le rire c’est contagieux ! Attention quand même à ne pas en mettre trop. Il ne faut pas que cela passe au premier plan et qu’on en oublie les messages que vous voulez faire passer.
13) Couper la vidéo en plusieurs parties. Afin de re-capter l’attention de tous, vous pouvez entrecouper votre vidéo de pancartes ou de jingle divers, avec un affichage qui dénote du reste et une musique sympathique, qui augmenteront le rythme de votre vidéo.
14) Un décor qui charme le spectateur. C’est toujours plus agréable de regarder une vidéo qui a une ambiance propre à elle. Je vous conseille de décorer le mur et les meubles derrière vous avec des affiches, des figurines, des peluches et autres accessoires que vous possédez. Essayez quand même de coller au thème de votre vidéo, ou, si vous réfléchissez sur du long terme, de vous créer un univers personnel qui sera récurrent sur votre chaîne.
15) Des effets originaux. Oui, le montage c’est fabuleux, et on peut faire pas mal de choses de manière très simple. Disparaître, se dédoubler, faire apparaître un objet ou se faire apparaitre soi-même… plein d’effets sont envisageables si on se penche un peu sur les logiciels de traitement vidéo. Alors soyez créatifs, ne vous mettez pas de barrière et faites confiance à la magie du montage ! 🙂
Et la suite
Après la réalisation de la première vidéo, j’ai dû réfléchir à d’autres aspects du projet comme l’accompagnement des volontaires ou la diffusion. Voici donc ce qu’il me reste à faire dans les mois à venir.
Le lancement du projet
Comme je l’ai dit précédemment, le projet sera lancé mi-février par la publication de la première vidéo, mais pas que. Le concept étant de donner l’opportunité à des volontaires de s’exercer à la vidéo, il vous sera donc possible si vous le souhaitez de vous inscrire en nous contactant par email. Toutes les informations arriveront plus tard.
L’accompagnement des volontaires
Grâce à l’aide de la Casemate, je vais rédiger un document d’accompagnement pour mettre en confiance les volontaires et leur donner un premier aperçu du déroulé du tournage. Il sera accompagné de fiches pratiques et petits conseils, pour les personnes qui ne pourraient pas se déplacer dans nos locaux de Toulouse ou Montpellier et qui souhaiteraient se lancer seuls chez eux.
Les premiers tournages
Nous allons commencer l’accueil et les tournages dans nos locaux de Toulouse et Montpellier, afin de nous exercer aussi à l’accompagnement des passeur.es volontaires.
Le petit plus
Vous connaissez peut-être la cravate verte de Max Bird ou le chiffre “7” de Doc Seven. Et bien nous sommes actuellement en pleine réflexion pour l’ajout d’un signe distinctif de ce genre à nos vidéos. Alors si vous avez des idées, n’hésitez pas à nous les proposer 🙂
La vidéo tuto
Après une série de tournages avec les premiers volontaires et une fois que le format sera acté, nous réaliserons une vidéo Tuto qui servira d’accompagnement aux futurs volontaires.
Des formats de vidéos à imaginer
Une fois le projet lancé, nous allons commencer à réfléchir à deux autres formats du même esprit. Un “Tube à Essai” sans filmer le visage, pour les personnes qui ne souhaitent pas apparaître sur les réseaux. Et une série de vidéo inspirée des vidéos “Unboxing”… À suivre !
Voilà, plein de belles choses nous attendent encore sur ce projet ! En attendant, rendez-vous au mois de février pour les premiers (Tubes à) Essai(s)