Dans son précédent billet, Romain nous racontait son expérience d’animation autour de l’exposition « Sommes-nous tous de la même famille ? » dans des classes de collège.  Après s’être imprégné de l’exposition, il s’attèle à la création d’un jeu de plateau sur les discriminations sociales qui viendra compléter le contenu.

Grande nouveauté pour moi : créer un jeu de plateau ! Il s’agit d’une des missions de mon stage, dans le cadre de l’exposition Sommes-nous tous de la même famille ? que je suis chargé d’animer pour le Parcours Laïque et Citoyen du département de la Haute-Garonne. L’objectif : ouvrir sur la thématique des discriminations, en plus du racisme traité dans l’exposition, et découvrir plus en profondeur de nouveaux critères.

Ce contenu sera accessible notamment grâce à une nouvelle table de manipulation, et surtout par un jeu de plateau dont la mécanique doit pouvoir être compréhensible en autonomie. Fan de jeux en tout genre, que ce soit, de plateau, de rôle, ou jeux vidéo, j’accepte le challenge !

 

Un mix entre le jeu de l’oie et le Trivial Pursuit

Après moult propositions, idées, concepts, nous retenons un jeu inspiré du jeu de l’oie. Ce système permet de figurer la progression de personnages qui avancent au fur et à mesure du jeu, avec de nouvelles données, de nouvelles contraintes, de nouvelles lois…

Désireux d’apporter quelque chose d’un peu plus original, je réfléchis également à un moyen pour ne pas tomber dans la monotonie du jeu de l’oie classique et ne pas laisser trop de place au hasard. J’inclus donc des éléments issus du Trivial Pursuit : c’est la connaissance sur le sujet et la culture générale de chacun qui permet ou non de remporter la partie.

 

Sensibiliser par le jeu

Concernant le contenu, le thème des discriminations étant vaste, je choisis, de manière totalement arbitraire, de traiter principalement quatre critères : le sexisme, le racisme, l’homophobie et la stigmatisation du handicap.

Les personnages jouables sont au nombre de quatre. Il s’agit de personnalités différentes, plus ou moins connues, chacune incarnant la discrimination dont elle a pu être victime au cours de sa vie. Et c’est à cause de cette discrimination que chacun des personnages subit sur le plateau une injustice, une contrainte qu’il est possible de lever en avançant dans le jeu. Par exemple, la ségrégation raciale, interdisant la mixité entre des personnes de couleurs de peau différentes, oblige le personnage de Nelson Mandela à reculer s’il occupe la même case qu’un autre personnage.J’adopte ainsi une première version de mon jeu. Je ne le sais pas encore à ce moment, mais il s’agit de la première d’une bonne lignée…

 

Je veille, je classe, je prototype…

Et comme pour une innovation, après la conception, vient la phase de prototypage. Je m’attelle donc à mettre en forme toutes mes idées pour commencer les phases de test. La première étape est un gros travail de veille scientifique, afin de rassembler des informations et des données qui constitueront le quizz du jeu. Je mélange mes recherches bibliographiques à mes connaissances personnelles, et j’obtiens ainsi une liste conséquence de questions, traitant de manière équitable chacun des quatre critères de discrimination que j’ai sélectionnés. Je les répartis ensuite différentes catégories : Histoire, Santé & Biologie, Culture, Juridique & Politique, ainsi que Société. Elles sont ensuite imprimées, réparties par catégories et plastifiées.

L’étape suivante est l’indispensable fabrication du plateau de jeu. Je créé donc un plateau, à base de… post-its ! Un post-it pour une case. Grâce à ce système D, j’obtiens ainsi un jeu coloré et surtout dont je peux facilement déplacer les cases au gré de mes envies. Pour fabriquer les jetons qui serviront de « monnaie » à mon jeu, je passe commande auprès de Lucas : quelques minutes de gravure et de découpage à la découpeuse laser suffisent. Il ne manque plus que mes pions, ainsi que des fiches biographiques pour aller avec chaque personnage, et le tour est joué ! J’ai entre mes mains la version alpha de mon jeu de plateau.

 

En avant pour les béta-tests

Les phases de test sont lancées. Je fais tester ce jeu par groupes de quatre, auprès des autres membres de l’équipe, ainsi qu’à d’autres stagiaires du Quai des Savoirs, à mes amis et mes colocataires, pour obtenir une diversité d’opinions, de critiques et de conseils. Le constat est sans appel : cette version alpha est beaucoup trop longue et des mécanismes sont à revoir.

C’est donc reparti pour un tour : je fabrique une nouvelle version plus « light », et obtiens ainsi ma version bêta, qui est, à ce jour où j’écris ces lignes, encore en phase de test. Au fil du temps et des essais, la mécanique et la jouabilité se peaufinent. J’apporte des touches personnelles pour m’écarter un peu des traditionnels jeux qui m’ont servi d’inspiration, en ajoutant par exemple une mécanique différente d’un simple lancer de dé pour faire avancer son personnage, qui était jusqu’alors trop sujet au hasard à mon goût.

À suivre…

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