La Voie Lactée est l’exemple parfait montrant que l’observation astronomique ne se résume pas à l’utilisation d’un télescope. Quel que soit l’instrument dont on dispose, de nombreux astres sont visibles et peuvent être observés dans le ciel d’été.

Qu’est-ce que la Voie Lactée ?

Une partie des objets observables aisément au télescope ont été catalogués par l’astronome Charles Messier au cours du 18ème siècle. Si lui et ses contemporains ont pu les observer avec des instruments d’il y a 250 ans, il est aisé de les voir, aujourd’hui, avec un petit instrument.

Attention cependant, la qualité du ciel reste l’élément prédominant, inutile d’essayer d’observer la faible lueur d’astres en pleine ville. Les conseils pour préparer sa veillée d’observation sont donc toujours à suivre.

L’œil est le seul instrument capable de rendre compte de l’immensité de notre Galaxie, puisque c’est le seul qui nous permet de la voir dans sa globalité. Mais pourquoi voit-on un bandeau traversant le ciel du sud vers le nord ?

Dans l’Univers, les étoiles ne sont pas réparties au hasard, elles sont regroupées en gigantesques paquets qu’on appelle des galaxies. Les plus petites en contiennent quelques millions, tandis que les plus grosses peuvent atteindre plusieurs milliers de milliards.
Cela fait seulement une centaine d’années que l’on a compris la nature de ces astres, grâce aux travaux d’Edwin Hubble. Dans les années 1920, deux camps s’affrontaient sur la nature de ce qu’on appelait les nébuleuses spirales. Une partie des astronomes pensait qu’elles étaient des structures présentes dans la Voie Lactée, représentant alors l’ensemble de l’Univers connu. Pour les autres, ces spirales blanchâtres, visibles au télescope, étaient d’autres « Univers-îles », bien loin en dehors de notre Galaxie. À l’aide du télescope Hooker du Mont Wilson, Hubble calcula la distance qui nous sépare de certaines de ces nébuleuses, comme celle qu’on appelle aujourd’hui la galaxie d’Andromède. Il prouva ainsi définitivement qu’elles étaient à des distances astronomiques de nous. L’Univers devint alors gigantesque.

Si l’on a utilisé le terme nébuleuse spirale, c’est en réalité parce qu’une bonne partie des galaxies ont une forme de disque comportant des bras qui s’enroulent à partir du centre. Comme nous sommes à l’intérieur de l’un de ces disques, nous ne pouvons le voir que par la tranche, sous la forme d’une bande d’étoiles traversant le ciel de part en part.

L’été est la meilleure période pour observer la Voie Lactée, puisque le coté Nuit de la Terre est tourné vers son centre, qui comporte le plus d’étoiles et apparait donc le plus brillant.

En regardant plus précisément, on peut remarquer que ce bandeau est parsemé de grandes taches plus sombres. Ce sont en réalité de grands nuages de poussière, qui bloquent la lumière des étoiles en arrière-plan.

Maintenant que vous savez (presque) tout sur la Voie Lactée, si nous voyons, ensemble, comment observer le ciel en été ?

Quels sont les astres à observer dans le ciel d’été ?

Les constellations estivales se retrouvent facilement grâce à leurs étoiles brillantes. En partant d’Antarès, de couleur orangée, posée sur l’horizon sud et appartenant au Scorpion, on peut, juste à sa gauche, apercevoir le Sagittaire, formant une sorte de théière. En remontant la fumée sortant du bec verseur (en réalité la Voie Lactée), on retrouve Altair dans la constellation de l’Aigle, puis un peu plus vers le zénith, Deneb et le Cygne déployant ses ailes. Et enfin, juste à côté, la brillante Véga et les quatre petites étoiles du quadrilatère de la Lyre.

L’été est également une période propice pour l’observation des étoiles… filantes ! Quoi de mieux que de s’allonger dans l’herbe, bercé par le son des insectes, et tenter de repérer ces petits grains de poussière rentrant rapidement dans l’atmosphère en brulant ?

Enfin, en ayant l’œil attentif, on peut deviner, dans la région du Sagittaire par exemple, de petites taches plus claires. Une paire de jumelles permettra de détailler leur nature…

ciel d'été à observer en juillet via Stellarium

Le ciel d'été aux alentours de minuit en juillet

© Stellarium

Se balader aux jumelles parmi les étoiles…

Même si l’on n’y pense pas forcément, une simple paire de jumelles décuple considérablement le nombre d’étoiles qui sont visibles dans le ciel. De 2000 à 3000, ce nombre passe à plusieurs dizaines de milliers. Le mieux est de parcourir le bandeau de la Voie Lactée de part en part. Votre regard s’arrêtera parfois sur de petits regroupements d’étoiles ou de petits nuages, qui seront davantage visibles au télescope, mais tout à fait observables aux jumelles. Nous verrons, ensemble, le détail de leur nature un peu plus loin dans l’article.

Les jumelles sont mêmes l’instrument idéal pour observer la Galaxie, visible plutôt en 2ème partie de nuit, dans la constellation d’Andromède. Elle est notre plus proche voisine (2.5 millions d’années-lumière tout de même). Étant 6 fois plus étendue que la pleine Lune dans le ciel nocturne, les jumelles sont le seul instrument capable de la dévoiler dans son ensemble.

Au télescope : suivre le cycle de vie des étoiles

Tout commence au sein de gigantesques nuages de gaz et de poussières appelés nébuleuses. Çà et là, des grumeaux de gaz se condensent et s’échauffent. Quant au centre, la température atteint dix millions de degrés, les réactions de fusion nucléaire s’enclenchent, et l’étoile s’allume.
Plusieurs nébuleuses sont aisément visibles avec un télescope ou une lunette, même de petit diamètre.
Les quatre plus faciles à observer sont la fameuse nébuleuse de l’Aigle, où se situent les Piliers de la Création, la nébuleuse Omega, assez proche, et les nébuleuses de la Lagune et Trifides, juste à côté l’une de l’autre.

Sur cette photo prise en direction du centre de la Voie Lactée (à l’horizon Sud), juste au-dessus de la constellation du Sagittaire, on devine facilement plusieurs nébuleuses et amas d’étoiles facilement observables avec un télescope.

Nébuleuses et amas d'étoiles à observer dans la Voie Lactée

© Valentin Urvois

Attention toutefois ! Nos yeux sont peu sensibles,. Les astres seront donc vus moins brillants que sur une photo, et surtout en noir et blanc. Mais le spectacle reste splendide. Les variations de densité du gaz se distinguent nettement, parcourues par des filaments de poussière plus ou moins épais et opaques. Il ne faut pas hésiter à utiliser la vision décalée (regarder légèrement du coin de l’œil) afin d’en saisir toutes les subtilités.

Une fois les étoiles formées, leur vent stellaire va diluer la nébuleuse. On se retrouve donc avec un groupe d’étoiles, appelé amas. Ces étoiles sont jeunes et toutes « sœurs », on parle alors d’amas ouvert. Plusieurs exemples d’amas ouverts sont visibles dans le ciel d’été.

On peut citer notamment le double amas de Persée, facilement visible sous la constellation de Cassiopée du côté Nord, comme deux petites taches plus claires. Ou bien encore, l’amas du Canard Sauvage, situé non loin des nébuleuses décrites précédemment. Difficile cependant d’y voir la trace de quelconques volatiles. La dénomination nous vient de l’astronome anglais William Henry Smyth, qui parlait plutôt du vol d’un groupe de canards.
Ces amas ont une durée de vie plutôt courte, les étoiles vont ainsi se séparer les unes des autres et se répartir dans notre Galaxie.

Un autre type d’amas existe, plutôt à l’opposé des amas ouverts, les amas globulaires. Il s’agit ici de paquets de centaines de milliers d’étoiles, voire plusieurs millions, et plutôt très âgées (environ une dizaine de milliards d’années). Leur origine n’est pas très claire, certains seraient les vestiges de petites galaxies avalées par la Voie Lactée au cours de son existence, d’autres se seraient formés en même temps qu’elle.
Le plus connu est l’amas d’Hercule, situé dans la constellation du même nom, mais il en existe beaucoup d’autres. On peut, par exemple, citer l’amas M4, situé juste à côté d’Antarès, et donc très facile à repérer dans le ciel.

Photo de l'amas d'Hercule

L'amas d'Hercule

© Valentin Urvois

Quelques étoiles isolées sont également intéressantes à observer, comme, par exemple, la tête du Cygne, Albiréo. C’est une très jolie étoile double très colorée, composée d’une étoile orangée, plutôt froide, et d’une bleue plutôt très chaude. De nombreuses autres étoiles doubles sont visibles car c’est assez fréquent que les étoiles naissent en couple.

Quelles que soient leurs tailles ou leurs couleurs, toutes les étoiles finissent par arriver à court de carburant nucléaire. Si l’on pense que les plus petites d’entre elles (les naines rouges) cessent simplement de briller au bout de plusieurs dizaines de milliards d’années, les étoiles comme le Soleil, ou bien encore les plus grosses, finissent de manière plus spectaculaire.

En effet, les grosses étoiles explosent à la fin de leur vie, formant alors une supernova, et devenant tellement brillantes qu’elles sont observables en plein jour. Hélas, hormis les dentelles du Cygne, difficilement observables avec un instrument de taille modeste, ces restes d’étoiles massives sont compliqués à contempler en été.

Les restes d’étoiles comme le Soleil sont en revanche beaucoup plus fréquents. Sur la fin de leur vie, elles vont se mettre à grossir tellement qu’elles vont finir par éjecter leur gaz dans l’espace. Le noyau très chaud se retrouve entouré d’une gigantesque enveloppe, qu’il va exciter, laquelle va se mettre à briller pour se désexciter. Cela forme alors une nébuleuse planétaire (qui n’a rien à voir avec une planète).

Ici, les plus faciles à trouver sont la nébuleuse de la Lyre, située entre les deux étoiles formant la base du quadrilatère de la constellation du même nom. Mais aussi, la nébuleuse de l’Haltère, plus grande dans notre ciel et située un peu au-dessus de la constellation de la Flèche.

Vous voilà donc prêt à partir explorer les merveilles de notre Galaxie, comme tant d’autres astronomes avant vous.

Et, si vous vous perdez dans ce lointain voyage, n’oubliez pas que nos médiateurs sauront vous guider dans votre exploration lors de nos événements astro de l’été.